Mignard : Hollande "aurait dû aller beaucoup plus souvent" en banlieue

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C.P.-R. , modifié à
Invité d'Europe 1, lundi matin, l'avocat Jean-Pierre Mignard a estimé que le comité interministériel aux Mureaux est une idée louable, mais insuffisante.
INTERVIEW

"Il vaut mieux ce type de réunion que de vouloir nettoyer les banlieues au karcher", a réagi Jean-Pierre Mignard, sur Europe 1, lundi matin, alors que Manuel Valls réunit aujourd'hui aux Mureaux, un comité interministériel pour faire le point sur les mesures annoncées il y a six mois afin de lutter contre les ghettos urbains.

Hollande aurait "dû aller plus souvent" en banlieue. "L'intention est bonne, c'est bien", a ajouté l'avocat qui a toutefois nuancé cette "réponse politique par le haut [...] ne suffit pas". Car pour Jean-Pierre Mignard, "s'il n'y a pas une mobilisation de toute la société sur une question qui la concerne", "on peut faire tous les comités interministériels que l'on voudra".

François Hollande avait déclaré : "Il n'y a pas de quartiers perdus dans la République, il n'y a pas une France périphérique", a rappelé Thomas Sotto à Jean-Pierre Mignard, pointant que le président n'était pas allé souvent dans les banlieues. Proche de François Hollande, Jean-Pierre Mignard a répondu que "son copain", aurait "dû y aller beaucoup plus souvent".


Mignard : "Il manque de la sensibilité et de l...par Europe1fr

"L'aventure, elle est de l'autre côté de la rue". L'avocat des familles de Zyed et Bouna, morts électrocutés à Clichy-sous-Bois en 2005 en tentant d'échapper à la police, a questionné : "Comment voulez-vous, si nous ne nous ouvrons plus à l'extérieur, que l'on s'ouvre à l'intérieur ?" Jean-Pierre Mignard estime que le regard de la société porté sur les banlieues françaises est plus dur qu'il y a dix ans, à l'époque du drame de Clichy-sous-Bois qui avait déclenché trois semaines d'émeutes.

"Il manque de l'émotion, de la sympathie dans ce pays, et sans sympathie rien ne peut se faire", a-t-il pointé. "L'aventure, elle est de l'autre côté de la rue,de l'autre coté du périphérique", a lancé l'avocat qui dénonce "la montée de la xénophobie, de l'agressivité". 

"Je maintiens les termes d'apartheid judiciaire". Enfin, l'avocat est revenu sur l'affaire Zyed et Bouna, qu'il suit depuis dix ans. "Je maintiens les termes d'apartheid judiciaire", a par ailleurs souligné Me Mignard, à propos du jugement "scandaleux" rendu dans l'affaire Zyed et Bouna, en mai dernier. Ce jugement, délivré par le tribunal correctionnel de Rennes, a relaxé les deux policiers poursuivis pour non-assistance à personne à danger après la mort par électrocution des deux adolescents.