Ecole 7:51
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Créé en 2012, le réseau Espérance banlieues développe l'offre scolaire dans les quartiers. Son fondateur Éric Mestrallet, invité d'Europe 1 ce lundi, revient sur les 10 ans de son programme qui compte désormais 17 écoles et plus de 1.000 élèves. Pour l'occasion, il dévoile les contours d'un sondage Ifop réalisé pour Espérance banlieues.

Invité d'Europe 1 ce lundi, Éric Mestrallet, fondateur d'Espérance banlieues, revient sur la création des 10 ans du programme. Créé en 2012, celui-ci compte désormais 17 écoles, plus de 1.000 élèves, 120 professeurs et 90 classes de la maternelle à la troisième. À l'époque, le fondateur part d'un constat : l'éducation dans les quartiers doit être prioritaire. Les chiffres sont marquants, 50% des élèves dans ces réseaux prioritaires n'ont pas la moyenne au brevet, 40% de ces jeunes qui habitent ces quartiers se retrouvent au chômage et 80.000 élèves sortent de l'école sans avoir de qualification.

"On ne peut pas se satisfaire de ces constats et l'enjeu n'est pas de dénoncer. Il est de trouver des solutions et donc une démarche entrepreneuriale pour dire de mettre les mains dans le cambouis, pour donner des idées sur les pistes possibles qui pourraient voir le jour demain et après-demain. Cela dans le but de permettre aux enfants de s'épanouir dans l'école, d'avoir envie de dialoguer et que leur famille fasse confiance à l'école. Autant d'éléments qui aujourd'hui font défaut", souligne Éric Mestrallet.

64% des Français trouvent que l'école fonctionne mal

Un sondage Ifop pour Espérance banlieues, commandé par le fondateur, montre que l'école est assez mal vue. En France, 64% des Français trouvent que l'école fonctionne mal. Face à ces chiffres, Éric Mestrallet souhaite changer ce mode de fonctionnement du système éducatif. "Lorsque l'on a une perception qui n'est pas bonne, peut-être que la société peut avoir des conséquences dramatiques. C'est donc important de pouvoir changer cette perception. Dans ce sondage, on voit que les Français veulent de la culture générale, être préparés à la vie en société et avoir les codes pour se préparer au marché de l'emploi", indique-t-il.

"Avec ce sondage, on a proposé un modèle, on montre des pistes possibles qui pourraient inspirer l'Éducation nationale avec cette alliance avec les parents. Dans nos écoles, il y a plusieurs échanges par semaine entre les professeurs et les parents, de telle manière à ce que ces derniers sachent ce qui se passe à l'intérieur de l'école. Une maman trouvait fabuleux que les enseignants donnent des nouvelles de l'élève même quand tout va bien. Car elle peut s'associer au succès de l'enfant et peut le féliciter. Donc, collectivement les adultes poussent l'enfant vers la réussite", précise Éric Mestrallet.

"Ils se sentent exclus de la société française"

Une question se pose : comment ce programme se différencie de l'école publique et de son parcours ? "Il y a les petits effectifs qui permettent de mettre en place un modèle qui offre à la fois une exigence académique, avec une pédagogie très spécifique, un accompagnement éducatif, notamment pour aider les élèves à entrer dans la vie en société et puis une connaissance des codes culturels de notre pays afin qu'ils puissent les comprendre, se les approprier et vivre avec. Dans le film de Mélissa Theuriau, où elle a tourné pendant un an sur une école d'Espérance banlieues, on remarque que les parents et les enfants se sentaient exclus de la société française. Quand on demande aux élèves qui est Français, seul un tiers lève la main", constate le fondateur.

"L'enjeu est de leur donner la possibilité de comprendre ce trésor dont ils sont les dépositaires grâce à cette citoyenneté qu'ils ont", conclut-il.

Quel coût ?

Le programme Espérance banlieues connaît de bons résultats. Les élèves dépassent dans toutes les classes et matières les moyennes des réseaux d'éducation prioritaire (REP) et même parfois les moyennes nationales. En revanche, ces écoles sont hors contrat et donc privées. Si elle semble favoriser les quartiers pauvres, cette éducation a tout de même un coût. "Il est quand même inférieur de 30% au coût d'un élève dans une école publique. Comment on le finance ? Les parents payent 50 à 80 euros par mois et par enfant et le reste est aujourd'hui financé par la générosité privée. On réussit à mobiliser pour cette expérimentation, cette incubation de ce nouveau modèle. C'est de cette manière que nous arrivons à réaliser cette belle aventure", précise Éric Mestrallet.