"Gilets jaunes" : "il y a énormément de procédures qui n'ont pas encore abouti à une condamnation"

"Il y a énormément de solutions alternatives comme des rappels à la loi dans les cas les moins graves", pointe la présidente de l'USM (photo d'illustration).
"Il y a énormément de solutions alternatives comme des rappels à la loi dans les cas les moins graves", pointe la présidente de l'USM (photo d'illustration). © AFP
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"La répression ne peut pas être la seule réponse", a souligné la présidente de l'Union Syndicale des Magistrats (USM) samedi sur Europe 1, alors que les "gilets jaunes" se mobilisent pour le neuvième week-end consécutif. 
INTERVIEW

"On souhaite que ces déferlements de haine et de violence soient condamnés" : à l'image de Thomas Toussaint, délégué national du syndicat Unsa-Police, forces de l'ordre et responsables politiques appellent depuis plusieurs semaines à davantage de fermeté face aux débordements des manifestations de "gilets jaunes".

Interrogée sur ce sujet à l'aube du neuvième week-end de mobilisation, la présidente de l'Union syndicale des magistrats (USM) Céline Parisot a mis en garde contre le "tout répressif", samedi matin sur Europe 1. 

"La répression ne peut pas être la seule réponse". "En ce qui concerne la justice, il y a déjà eu un afflux d'affaires absolument énorme depuis un mois et demi", pose Céline Parisot, qui souligne que "la répression ne peut pas être la seule réponse". Alors que près d'un millier de personnes ont déjà été condamnées en deux mois, "il y a une surcharge de de travail chaque début de semaine et chaque week-end pour ce qui concerne les procureurs et les membres du parquet, pour préparer les comparutions immédiates", pointe-t-elle. "Mais il y a aussi énormément de procédures qui n'ont pas encore abouti à une condamnation, et de solutions alternatives comme des rappels à la loi dans les cas les moins graves. La répression ne peut pas être la seule réponse." 

La présidente de l'USM dit aussi son scepticisme quant à la promesse d'Edouard Philippe de créer un fichier pour recenser les "casseurs" et leur interdire le périmètre de certaines manifestations. "Il faut délimiter un lieu précis où il est interdit de manifester. Or je ne sais pas où va se passer la prochaine manifestation samedi prochain : si je prends une décision aujourd'hui, je n'ai pas d'idée du lieu. Dans l'application de ces futures dispositions, on ne voit pas très bien comment ça pourrait fonctionner." 

"Un stade, ce n'est pas les Champs-Elysées". "Si on permet à des représentants de l'Etat de prononcer des interdictions de manifester, jusqu'où on va aller ?", interroge encore Céline Parisot, soulignant le "flou" autour des critères qui permettront d'identifier les "casseurs". "On s'attaque là à une liberté fondamentale, celle de manifester ses opinions", rappelle la magistrate, estimant que la comparaison avec les hooligans, interdits d'assister à des matches de football grâce à un fichier qui les oblige à pointer au commissariat ou à la gendarmerie, n'est pas pertinente. "Un stade, ce n'est pas les Champs-Elysées. Quand on va au stade on paye un billet, on s'engage à respecter un règlement intérieur. On a deux configurations qui n'ont absolument rien à voir."