Acte 3 des "gilets jaunes" : trois mois de prison et du sursis pour des jeunes d'extrême droite

Six hommes, proches de mouvements ultranationalistes, ont été jugés pour des violences et dégradations commises le 1er décembre en marge d'une manifestation des "gilets jaunes".
Six hommes, proches de mouvements ultranationalistes, ont été jugés pour des violences et dégradations commises le 1er décembre en marge d'une manifestation des "gilets jaunes". © AFP
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avec AFP , modifié à
Mercredi, six jeunes membres de l'ultra-droite ont été condamnés à des peines allant du sursis à trois mois de prison pour leur "participation à un groupement en vue de commettre des dégradations" lors de la manifestation des "gilets jaunes" du 1er décembre.

Six jeunes membres de mouvances d'extrême droite ont été condamnés mercredi à des peines allant du sursis à trois mois de prison pour leur "participation à un groupement en vue de commettre des dégradations" lors de la manifestation des "gilets jaunes" du 1er décembre. Âgés de 20 à 27 ans, ils ont tous été relaxés du chef d'association de malfaiteurs, pour lequel ils encouraient cinq ans d'emprisonnement.

Des peines plus légères que celles requises par le procureur. Plusieurs d'entre eux ont été condamnés pour des dégradations en réunion, notamment des tags non loin de la place de l'Etoile, et l'un d'entre eux pour rébellion et outrage à agent lors de son arrestation. Des peines bien plus légères que celles requises par le procureur, qui avait demandé jusqu'à un an ferme contre des prévenus ayant "un niveau d'étude très supérieur à la moyenne" et "une passion commune pour la violence", loin du profil habituel des comparutions immédiates de "gilets jaunes".

"Ils participent tous d'une même mouvance". L'accusation s'était attachée à dresser le portrait d'un "groupement" : "ils se donnent rendez-vous", "ils taguent ensemble", "on les voit sur des photos", "ils participent tous d'une même mouvance d'extrême-droite" et "se retrouvent au bar" le soir du 1er. La défense a elle dénoncé une "procédure fourre-tout" et des "poursuites délirantes" pour une affaire se résumant à quelques tags sur les murs d'une avenue et la participation à une manifestation qui a tourné au chaos. Les avocats ont appelé à "garder la raison", à ne pas condamner des jeunes "juste parce qu'ils ont des idées que vous ne partagez pas".

Ils affirment s'être croisés "par hasard". Ce 1er décembre, "acte 3" des manifestations des "gilets jaunes", des échauffourées éclatent aux abords de la place de l'Etoile, noyée sous les gaz lacrymogènes. L'Arc de Triomphe est dégradé, des dizaines de personnes arrêtées. Les six jeunes gens, qui nient avoir participé à ces violences, ne seront arrêtés que six jours plus tard, parfois lors d'interpellations particulièrement musclées.

En comparution immédiate le 10 décembre, ils avaient tous demandé un délai pour préparer leur défense. A l'audience, mercredi, certains ont reconnu des tags, avoir ramassé un parpaing ou repoussé une grenade lacrymogène, mais affirment qu'ils sont allés séparément à la manifestation, se sont parfois croisés "par hasard".

L'enquête les présentes comme des militants de l'ultra-droite. L'enquête les présente au contraire comme des militants de l'ultra-droite pour la plupart issus du GUD, syndicat étudiant d'extrême droite aujourd'hui dissous, venus pour en découdre. Certains se sont retrouvés place de l'Étoile derrière une banderole proclamant "Le peuple aux abois, tuons le bourgeois", une phrase issue d'un tube de rock identitaire qui prône de "tuer le bourgeois" en soi pour "apporter un changement radical". Une note des renseignements fait état de la présence de deux groupes ayant convergé vers la manifestation : le groupe parisien des Zouaves et celui de membres du Bastion social, mouvement créé au printemps 2017 à Lyon par d'anciens du GUD. 70 personnes en tout.

Une seule peine de prison ferme. A la barre, Marc, présenté comme un des chefs des Zouaves, a reconnu, comme d'autres prévenus, son appartenance au GUD mais nié être membre des Zouaves. Pour son rôle central dans le groupe, il sera condamné, avec un autre prévenu, à six mois de sursis assortis de 105 heures de travail d'intérêt général (TIG). Son ami Aloys, avec lequel il a tagué "ACAB" ("All cops are bastards") ou "Libre, social et national", a écopé de la seule peine de prison ferme. Brillant étudiant, mention Très Bien au bac, ce jeune homme de 24 ans avait déjà été condamné à un an de prison avec sursis pour avoir participé à une attaque du lycée autogéré de Paris en mars dernier, ce dont il se défend.