Le Stade de France, où se déroulera ce samedi la finale de la Coupe de France. 2:09
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avec AFP / Crédits photo : FRANCK FIFE/AFP , modifié à
La justice a finalement retoqué l'arrêté préfectoral qui interdisait aux syndicats de distribuer sifflets et cartons rouges aux abords du Stade de France, en marge de la finale de la Coupe de France opposant Nantes à Toulouse ce samedi soir. 

Le tribunal administratif de Paris, saisi en référé, a suspendu samedi l'arrêté par lequel le préfet de police avait interdit un rassemblement syndical aux abords du Stade de France pour la finale de la coupe de France de football. Les manifestants ayant annoncé une "simple distribution de tracts contre la réforme des retraites", le préfet de police n'a pas apporté "d'éléments suffisants concernant les risques de troubles à l'ordre public ou des difficultés spécifiques dans ses missions de maintien de l'ordre", a estimé le tribunal, dans sa décision consultée par l'AFP.

Les syndicats et la Ligue des droits de l'homme, qui avaient saisi la justice, sont donc "fondés à soutenir que le préfet de police a porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifester", a ajouté le tribunal, qui a en conséquence suspendu l'arrêté du préfet Laurent Nuñez. "L'intersyndicale 1, Emmanuel Macron 0", ont commenté dans un communiqué les requérants, qui voient dans cette décision, rendue quelques heures à peine avant le coup d'envoi du match, "une victoire pour le respect des libertés".

Les syndicats prévoient de distribuer 30.000 cartons rouges et 10.000 sifflets

"Les organisations syndicales vont ainsi pouvoir agir dans le cadre de leur liberté d'expression et aller à la rencontre du public du Stade de France, pour distribuer leur matériel", poursuit le communiqué. Les syndicats avaient notamment prévu de distribuer samedi, à la sortie des stations de métro et de RER desservant le stade, quelque 30.000 cartons rouges et 10.000 sifflets devant permettre aux spectateurs de manifester leur mécontentement à l'égard du chef de l'État.

Les sifflets sont certes interdits à l'intérieur du stade par le règlement de la Fédération française de football, a observé à ce propos le tribunal administratif, mais "des contrôles seront à cette fin opérée à l'entrée", a-t-il argumenté. Vers 17h, la distribution de cartons rouges et de sifflets avait effectivement commencé aux abords du stade, ont constaté des journalistes de l'AFP. "L'arrêté a été suspendu", a martelé un militant à l'intention d'un policier, ajoutant : "nous avons le droit d'être là. On ne fait rien de mal".

Au micro d'Europe 1, Hervé, membre de la CGT Île-de-France, se satisfait de cette décision de justice, mais regrette d'avoir dû en passer par là. "Il est quand même grave, dans un pays comme le nôtre qui se dit démocratique, de devoir en arriver là pour distribuer un petit carton rouge et des sifflets. Les syndicats l'ont démontré depuis janvier : cela fait trois mois que nous organisons des initiatives qui se passent dans le calme et la bonne humeur". Contactée par l'AFP, la préfecture de police n'a pas souhaité réagir dans l'immédiat.