Le cas d'Alain Cocq fait réagir le monde médical. 4:44
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Antoine Terrel
Sur Europe 1, Emmanuel Hirsch affirme voir dans la décision d'Alain Cocq de cesser son traitement "un acte politique bouleversant et fort". Selon le président du Conseil pour l'éthique de la recherche et de l'intégrité scientifique, "on doit réviser la loi de 2016" sur la fin de vie. 
INTERVIEW

Le geste d'Alain Cocq continue de faire réagir dans le monde médical. Dans la nuit de vendredi à samedi, ce patient atteint d'une maladie incurable a annoncé avoir cessé son traitement, toute alimentation et hydratation, pour se laisser mourir en direct, afin de dénoncer "l'agonie" contrainte par la loi actuelle sur la fin de vie, et après s'être vu opposer par Emmanuel Macron une fin de non-recevoir à sa demande d'autoriser un médecin à lui prescrire un barbiturique. Sur Europe 1, samedi, Emmanuel Hirsch, président du Conseil pour l'éthique de la recherche et de l'intégrité scientifique a qualifié le choix d'Alain Cocq d'"acte politique bouleversant et fort". 

Emmanuel Hirsch fait part de son "émotion et de sa compassion", ainsi que d'un "soutien total" envers Alain Cocq. Cet acte, poursuit-il, "nous interroge dans notre capacité de témoigner de l'attention à une personne atteinte d'une maladie incurable". 

"La notion de fin de vie est très relative"

Alain Cocq, atteint d'une maladie dégénérative très douloureuse, "est au bout de sa capacité à faire front à une souffrance pas contrôlable d'un point de vue médical", dit-il encore. Pour le spécialiste, la vraie question est de savoir comment "assister une personne dans ces conditions". Or, rappelle-t-il, la loi Léonetti sur la fin de vie, adoptée en 2016, qui autorise la sédation profonde, ne concerne pas que les personnes en fin de vie, mais aussi les malades "atteints d'une infection grave et incurable". Et "c'est le cas pour Alain Cocq". 

Car la difficulté du dossier est notamment due au fait que la loi de 2016 autorise la sédation profonde, mais seulement pour les personnes dont le pronostic vital est engagé "à court terme". Et Alain Cocq ne peut pas prouver que sa fin de vie approche à court terme. "La notion de fin de vie est très relative, personne ne la définit", nuance Emmanuel Hirsch. Selon lui, "au cas par cas on aurait du lui apporter cette assistance". 

"Notre impuissance est une trahison"

Le président du Conseil pour l'éthique de la recherche et de l'intégrité scientifique se dit "révolté en tant que démocrate qu'on ait pas anticipé une situation aussi dramatique pour une personne qui demandait une fraternité, une sollicitude à travers un geste pratiqué au quotidien par des professionnels de santé à domicile, dans la discrétion". Et de conclure : "Notre impuissance est une trahison par rapport à nos valeurs (...) une défaite de l'éthique". 

"Il aurait fallu avoir les mots justes et les attitudes justes avec discrétion et pudeur pour permettre à Alain Cocq de trouver la réponse qu'il attendait", dit enfin Emmanuel Hirsch, selon qui "on doit réviser la loi de 2016", qu'il qualifie d'"imposture" et d'"approximative".