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Guillaume Biet, avec AFP, édité par Mathilde Durand , modifié à
Lundi, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a annoncé l'abandon de la méthode d'interpellation dite "de l'étranglement". "C'est la seule technique qui permet de maîtriser des individus qui sont dans un état très excités, alcoolisés, ou sous l'emprise de stupéfiants", déplore pourtant Thierry Launois, délégué national à la formation pour le syndicat UNSA-police.

Pour tenter d'endiguer la colère des manifestants, et des forces de l'ordre, le Premier ministre, Edouard Philippe ira à la rencontre des policiers dans l’Essonne, à Evry, ce mardi matin. Lundi, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner s'est exprimé sur le sujet des violences et du racisme au sein de la police. Il a notamment annoncé l'abandon de la méthode d'interpellation dite de "l'étranglement", ou de la "prise par le cou", notamment, à la suite de l'affaire Chouviat, un livreur mort à Paris, en janvier 2020, lors de son interpellation. La mesure laisse les syndicats policiers "dubitatifs", et certains policiers inquiets.

Une technique jugée efficace

"C'est la seule technique qui permet de maîtriser des individus qui sont dans un état très excités, alcoolisés, ou sous l'emprise de stupéfiants", explique sur Europe 1 Thierry Launois, délégué national à la formation pour le syndicat UNSA-police. "Les autres techniques, à base de clef, de coudes, ne sont pas efficaces dans la mesure où l'énervement, l'alcool et la drogue annihilent les effets de la douleur."

"Il ne peut plus respirer donc il est obligé de se décontracter, il est obligé d'arrêter d'agresser les gens", ajoute le formateur. "Souvent, quand on fait usage de la force, c'est pour essayer de maîtriser l'individu." 

Comment remplacer la méthode "de l'étranglement" ?

Le ministre de l'Intérieur a pourtant affirmé que la technique ne serait plus enseignée au cours des formations dans les écoles de police ou gendarmerie. Pour Thierry Launois, bannir la prise dite "de l'étranglement", c'est désarmer ses collègues. "On risque de plus en plus de blessés dans nos rangs. On interdit quelque chose, c'est une chose, mais il faut proposer une solution de remplacement", explique-t-il. "Et à mon avis, la solution, c'est le taser. Mais le taser, ça coûte de l'argent, ça coûte de la formation et la police nationale n'a pas les moyens de payer aujourd'hui".

Une opinion partagée par Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat Unité-SGP-Police, qui s'interroge sur la suite. "Le ministre aurait dû nous informer avant. Si jeudi (date de la réunion entre Castaner et les syndicats à Beauvau), on nous dit qu'on la remplace par une meilleure technique d'intervention, on sera preneur. Mais il faudra des mois, voire des années, avant que tout le monde y soit formé". 

Plus encore, les forces de l'ordre déplorent un gouffre entre la réalité du terrain et les annonces de Christophe Castaner, notamment sur "la prise par le cou". "Je veux bien qu'un politique vienne me montrer comment on peut faire pour maîtriser quelqu'un d'énervé", ironise Thierry Launois. "Je serais assez curieux."