Christophe Castaner veut une "tolérance zéro" contre le racisme dans les forces de l'ordre. 2:23
  • Copié
Jean-Rémi Baudot, avec AFP , modifié à
Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, s'est exprimé lundi sur la question du racisme dans les forces de l'ordre, réclamant à ce sujet une "tolérance zéro". 

Le ton se fait plus ferme au sommet de l'État. Christophe Castaner veut une "tolérance zéro" contre le racisme dans les forces de l'ordre, après de multiples révélations dans la presse. "Aucun raciste ne peut porter dignement l'uniforme de policier ou de gendarme", a affirmé le ministre de l'Intérieur lundi, lors d'une conférence de presse. "Aussi, j'ai demandé à ce qu'une suspension soit systématiquement envisagée pour chaque soupçon avéré d'actes ou de propos racistes", a-t-il ajouté. 

La méthode "dite de l'étranglement" abandonnée

Le ministre de l'Intérieur a notamment annoncé que la méthode d'interpellation controversée "dite de l'étranglement" serait abandonnée. "Elle ne sera plus enseignée dans les écoles de police et de gendarmerie. C'est une méthode qui comportait des dangers", a-t-il ajouté. "Par ailleurs, si un policier ou un gendarme doit maintenir quelqu'un au sol lors de son interpellation, il sera désormais interdit de s'appuyer sur sa nuque ou son cou." En revanche, Christophe Castaner a refusé d'interdire le placage ventral, estimant qu'il ne s'agissait pas là d'une technique enseignée dans les écoles de police.

De nouveaux modules de formation

Le ministre a par ailleurs annoncé que policiers et gendarmes devront "désormais obligatoirement suivre une formation annuelle" sur les techniques d'interpellation, sous peine de se voir interdire les interventions sur la voie publique. Au sujet de la formation des forces de l'ordre, il a également promis de renforcer les modules de lutte contre le racisme et les discriminations lors de la formation initiale et continue des policiers et gendarmes. 

 

Port du RIO obligatoire

Revenant sur le "cadre des contrôles d'identité", il a rappelé que chaque policier devait constamment porter son RIO, un matricule de 7 chiffres identifiant personnellement les agents, et a exprimé la volonté que le port de caméras soit "renforcé". 

Qualifiant les actes racistes au sein de la police d'"agissements de quelques brebis galeuses", le ministre a ajouté : "Je ne laisserai pas les gestes odieux de quelques uns jeter l'opprobre sur l'ensemble." Pas question, donc, pour le ministre, de parler d'un racisme qui serait structurel, ou du moins plus profond, au sein de l'institution. Pas question non plus d'évoquer des "violences policières", terme que l'exécutif a toujours récusé.

Une réforme des inspections "pour plus d'indépendance"

Christophe Castaner a également annoncé vouloir une réforme des inspections (l'IGPN pour la police, l'IGGN pour la gendarmerie et l'inspection générale de l'administration) afin de garantir "plus d'indépendance". "Cette réforme permettra à l'inspection générale de l'administration de piloter les enquêtes administratives les plus difficiles et les plus complexes concernant les forces de police et de gendarmerie."

En revanche, le ministre s'est montré fermé à l'idée de revoir entièrement le système afin que ce ne soient pas des policiers ou des gendarmes qui examinent les éventuels manquements de leurs collègues. "Dans nos maisons, l'IGPN et l'IGGN sont particulièrement craintes", a-t-il souligné.

"La lumière sera faite" sur l'affaire Gabriel

Christophe Castaner s'est par ailleurs dit "troublé" lundi par les "témoignages" autour de l'arrestation à Bondy, en Seine-Saint-Denis, le 25 mai, du jeune Gabriel, 14 ans, qui accuse les policiers de l'avoir frappé en le blessant gravement à l'oeil. L'affaire Gabriel "a marqué de nombreux Français", a déclaré le ministre. "Je suis moi-même troublé par les témoignages que j'entends", a-t-il ajouté. "La lumière sera faite et les déclarations des policiers sont en ce moment confrontées aux expertises médicales".

Si Christophe Castaner est en première ligne ce lundi, mardi c’est Edouard Philippe, le Premier ministre, qui se rendra dans des quartiers pour parler de la lutte contre les discriminations. L'exécutif tient à montrer qu'il est tout entier est mobilisé et ne veut pas laisser planer le doute sur sa volonté de lutter contre le racisme et tout forme de violence dans la police. Le tout sous le contrôle d’un Emmanuel Macron qui, pour l’heure, reste encore en retrait sur cette question.