Figure de la Résistance, Pierre Rolinet est décédé

Pierre Rolinet
Ancien résistant déporté en 1944, Pierre Rolinet est décédé dimanche à l'âge de 99 ans. (Photo d'illustration) © Jean-Luc SCHWAB / AFP
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avec AFP
Ancien résistant déporté en 1944, Pierre Rolinet est décédé dimanche à l'âge de 99 ans, a annoncé lundi l'Amicale nationale des déportés et familles de disparus du camp de Natzweiler-Struthof. "Nous avons malheureusement appris son décès, à quelques semaines de son 100e anniversaire", a indiqué à l'AFP Jean-Luc Schwab, président de l'Amicale. 

Ancien résistant déporté en 1944, Pierre Rolinet est décédé dimanche à l'âge de 99 ans, a annoncé lundi l'Amicale nationale des déportés et familles de disparus du camp de Natzweiler-Struthof, unique camp de concentration situé en France. "Nous avons malheureusement appris son décès, survenu ce dimanche 24 avril au matin, à quelques semaines de son 100e anniversaire le 4 juin prochain", a indiqué à l'AFP Jean-Luc Schwab, président de l'Amicale. "La coïncidence veut qu'il s'en soit allé le jour même du Souvenir des victimes de la Déportation."

Condamné à mort en 1943

Né en 1922 à Allenjoie (Doubs), Pierre Rolinet se forme au dessin industriel chez Peugeot, où il fera toute sa carrière. Pendant la Seconde guerre mondiale, il refuse de rejoindre le Service du Travail Obligatoire (STO). Licencié, il intègre un réseau de résistance, sous le nom de Pierre Georges. Arrêté en possession d'armes par les Allemands en 1943, il est emprisonné puis condamné à mort, une peine commuée en déportation NN (Nacht und Nebel, nuit et brouillard), qualificatif du IIIe Reich pour les résistants déportés "condamnés à disparaître sans laisser de trace".

Il arrive en avril 1944, sous le matricule 11.902, au camp de Natzweiler-Struthof, où il reste plusieurs mois. "Les conditions de vie y sont épouvantables. La faim, les coups, le travail de forçat épuisent rapidement Pierre. Malade, il est admis à l'infirmerie du camp. En six semaines, il perd 25 kilos. Il ne doit sa survie qu'à la solidarité de ses camarades", a rappelé dans un communiqué Guillaume d'Andlau, directeur du Centre européen du résistant déporté.

Un témoignage essentiel pour le devoir de mémoire

"Ce sont les communistes, qui avaient organisé au sein du camp une solidarité entre Français, qui m'ont sauvé", expliquait ainsi Pierre Rolinet au quotidien régional l'Est Républicain en novembre dernier. Evacué vers Dachau sous le matricule 101.460 en septembre 1944, à la fermeture du Struthof, il est ensuite transféré vers le camp d'Allach, près de Munich, qui sera libéré par l'armée américaine en avril 1945. Soucieux de préserver la mémoire, ce résident de Montbéliard (Doubs), commandeur de la Légion d'honneur, a témoigné jusqu'à la fin de sa vie de son expérience, dans des écoles ou lors de visites au Struthof. Président de l'Amicale nationale des déportés de Natzweiler-Struthof de 2007 à 2017, il en était resté le président d'honneur.

Natzweiler-Struthof était l'unique camp de concentration nazi situé en France, érigé en 1941 dans l'Alsace alors annexée au Reich hitlérien. Environ 17.000 détenus et déportés y ont été internés de mai 1941 à septembre 1944. Il fut à la tête d'un réseau de 53 camps annexes voisins, totalisant avec lui 50.000 emprisonnements et près de 20.000 morts. Le camp de Natzweiler-Struthof fut l'un des plus meurtriers du système nazi, en dehors des camps d'extermination. Il abritait également une chambre à gaz où 86 Juifs et Juives furent tués.