Allonnes Mosquée 1:29
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Matthieu Bock et Gwladys Laffitte , modifié à
Une mosquée accusée de radicalisation vient de fermer à Allonnes, près du Mans, où seraient prônés selon la préfecture le djihad, le terrorisme, la violence ou encore la charia. Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, a donc pris la décision de fermeture, décision que les fidèles ne comprennent pas mais qui pourrait être reproduite dans d'autres lieux.
DÉCRYPTAGE

La préfecture de la Sarthe a annoncé mercredi la fermeture prochaine de la mosquée d'Allonnes près du Mans, soupçonnée de légitimer le djihad armé ou le terrorisme lors de prêches à ses centaines de fidèles. "Deux associations installées à Allonnes, 'l'association allonnaise pour le Juste Milieu' (AAJM) et 'l'association Al Qalam', gèrent un lieu de culte dénommé la 'mosquée d'Allonnes', accueillant environ 300 fidèles", explique la préfecture dans un communiqué.

Ceux qui voulaient venir prier mercredi ont trouvé porte close et une feuille scotchée où il était écrit "Mosquée fermée pour des raisons administratives". La police a en effet mené une perquisition mardi matin et c'est à ce moment-là que les policiers auraient signifié au président de l'association qui gère la mosquée que des prêches prônant le djihad auraient été tenus dans son établissement.

Six mois de fermeture maximum, dans un premier temps

Précisément, les autorités ont décidé de fermer la mosquée parce que les prêches et les activités de la mosquée légitiment le recours au djihad armé, la mort en martyr, la commission d'actes de terrorisme et l'instauration de la charia. Mais il y a aussi une école coranique qui accueille 110 enfants devant lesquels a été valorisé le djihad armé. Pour le préfet, il s'agit donc aussi d'un lieu d'endoctrinement.

Côté calendrier, cette mosquée peut être fermée pour six mois maximum dans un premier temps. C'est ce qui est prévu par la Loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme. Ensuite, son cas sera réétudié. Elle pourra éventuellement rouvrir si la gouvernance de la mosquée a été renouvelée, par exemple.

Une messe commune avec les catholiques

Pour les fidèles, il est "impossible" que ces accusations soient fondées, réfute Mohamed, un retraité qui vit dans ce quartier paisible, comme la plupart des fidèles. "Tout le monde vient ici faire la prière et c'est normal. Il y a des Tunisiens, des Algériens, des Marocains, des Africains… Depuis longtemps, il n'y a pas d'imam, mais quelqu'un qui passe devant nous pour faire la prière", dit-il à propos de Karim Daoud, président de l'AAJM.

Cet homme, qui gère donc cette mosquée, est bien connu des fidèles. Il avait organisé une messe commune avec les catholiques après l'attentat de Nice l'année dernière, et il est l'un des responsables du club de foot de la ville. Le président de l'AAJM n'a pas souhaité répondre aux questions d'Europe 1. Il le fera, a-t-il assuré, mais après avoir consulté ses avocats.

Pour Hilal, un croyant qui habite le quartier, il est aussi difficile d'envisager que cette mosquée décrite comme "familiale" et "ouverte" puisse abriter de tels propos. "Peut-être que des faits seront prouvés et mis en avant", tempère Hilal, en regrettant : "Si quelqu'un a dit une bêtise, il ne faut pas punir 300 musulmans qui viennent faire leur prière ici. Je ne trouve pas cela correct. Si la mosquée était réputée pour appeler au djihasime, elle aurait été fermée depuis longtemps".

D'autres lieux bientôt fermés ?

Cette fermeture ne sera sans doute pas la seule dans les semaines qui viennent. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, en a annoncé cinq autres à venir : en Meurthe-et-Moselle, en Côte d'Or, dans le Rhône ou encore le Gard. Depuis un an, les autorités ont contrôlé près de 90 lieux de culte soupçonnés d'être radicaux et mis "hors d'état de nuire" un tiers d'entre eux.