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Caroline Baudry (envoyée spéciale au Havre), édité par Solène Leroux
En augmentation de 35% sur un an, le rythme des faillites d'entreprises s'accélère en France. Une crise renforcée par le Covid-19. La Normandie est la troisième région la plus touchée par le phénomène. Le restaurant Anatolie par exemple, au Havre, a déposé son bilan jeudi dernier.

Les faillites d’entreprises s’envolent en France, avec +35% sur le premier trimestre 2022 par rapport au premier trimestre 2021. Selon les données du cabinet Altares publiées ce mardi, après les Hauts-de-France (+72%) et la Bourgogne-Franche-Comté (+66%), la Normandie prend la troisième place du triste podium avec une augmentation de 52% des ouvertures de procédure. La crise du Covid-19 a aggravé ces chiffres. Le restaurant Anatolie par exemple, au Havre, a déposé son bilan jeudi dernier. Europe 1 s'est rendue sur place.

"Locaux disponibles", peut-on lire sur un panneau fixé sur la devanture du restaurant turc. Acun, 64 ans, veste de costume et épaisse moustache, a tenu les lieux pendant 32 ans. "Il y a des machines à café, des congélateurs", décrit-il. "Il y a trois personnes qui travaillent en plus de moi. Entre l'intérieur et l'extérieur, il y a à peu près 70 couverts", retrace le désormais retraité. 70 couverts désertés pendant les neuf mois de fermeture du restaurant à cause du coronavirus. Durant cette période, Acun reçoit alors 1.500 euros d'aide mensuelle, mais les charges lui coûtent le double. Le restaurateur s'endette, entre le "comptable, les loyers, l'Urssaf et l'électricité" puisque "les charges et le loyer ne s'arrêtent pas".

Le télétravail en cause

Lorsqu'il est autorisé à rouvrir, l'aide diminue : "À la fin, elle est entre 300 et 400 euros." Et puis, plus rien depuis un an, alors que les clients ne suffisent pas à renflouer les caisses du restaurant. Des habitués des bureaux alentour sont dorénavant en télétravail. "Il n'y en a pas assez", assure le sexagénaire. "À l'époque, j'achetais trois kilos de viande hachée tous les deux jours, à la fin j'achetais un demi-kilo que je n'arrivais même pas à finir, même le boucher était choqué."

Il ferme à regrets son établissement : "J'aime bien travailler, j'aime bien le contact avec les clients. Mais je n'y arrive pas, j'arrête, c'est la liquidation. C'est trop dur pour moi", lâche-t-il. Acun quitte son établissement, ses murs en pierre et ses nappes rouges. La suite est encore floue pour le vieux monsieur et ses 522 euros de retraite mensuelle.