Mia enlèvement 1:30
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Arthur Helmbacher, édité par Jonathan Grelier avec AFP , modifié à
Quatre hommes ont été placés en garde à vue dans l'affaire de l'enlèvement de la petite Mia, 8 ans, dans les Vosges. Ce vendredi, on en sait désormais un peu plus sur le profil de ces ravisseurs présumés, connus des autorités antiterroristes, aux revendications antisystème. Europe 1 fait le point sur ce que l'on sait.

Cela fait désormais quatre jours que la petite Mia Montemaggi, 8 ans, a été enlevée dans les Vosges, mardi, alors qu'elle et sa mère, soupçonnée d'avoir commandité le rapt, restent introuvables. On en sait en revanche beaucoup plus sur le déroule de l'enlèvement de mardi et surtout sur le profil des trois ravisseurs présumés qui ont été placés en garde à vue, ainsi qu'un autre homme, comme l'a indiqué vendredi le procureur de la République d'Epinal Nicolas Heitz. Europe 1 fait le point sur ce que l'on sait de ces personnes, qui étaient déjà connus des autorités.

Des profils antisystème

Selon le procureur, ils ont été recrutés par la mère de la fillette, Lola Montemaggi, via internet, et auraient remis Mia à cette dernière 20 minutes seulement après l'enlèvement. "Elle s'estimait injustement séparée" de Mia, a expliqué Nicolas Heitz qui avait déclenché mardi soir le dispositif Alerte enlèvement.

Celle-ci était hébergée chez sa grand-mère maternelle, désignée depuis janvier "tiers de confiance" par la justice, dans le village des Poulières, à une trentaine de kilomètres d'Épinal, quand deux des ravisseurs - un troisième étant resté au volant du véhicule qui a emmené l'enfant - se sont fait passer pour des représentants de la protection de l'enfance, avec des papiers à en-tête du ministère de la Justice, afin de mettre en confiance la grand-mère et de récupérer l'enfant.

Âgés de 23 à 60 ans et sans antécédents judiciaires, ces quatre hommes ont été arrêtés à Paris, en Seine-et-Marne, aux Lilas, en Seine-Saint-Denis et en Meurthe-et-Moselle. Le "script d'un discours à tenir devant la grand-mère de Mia pour se faire passer pour un éducateur" de la Protection judiciaire de la jeunesse a été découvert chez celui interpellé à Paris. Cet homme de 58 ans s'est décrit devant les enquêteurs comme une "personne dissidente" et "résistante à la barbarie de ce système". Il s'est dit "fier" de ce qu'il avait fait "à la manière d'Arsène Lupin", selon le procureur.

Les individus faisaient déjà l'objet d'une enquête

La plaque d'immatriculation d'une des voitures des kidnappeurs avait été relevée par un témoin mardi. Or, cette plaque est enregistrée dans les bases de données des services de renseignement de la DGSI, ce qui a notamment permis de les repérer et de les arrêter. Ces hommes proches de l'ultra-droite faisaient même l'objet d'une enquête du Parquet national antiterroriste (Pnat).

Chez le suspect de 23 ans, "des éléments susceptibles d'entrer dans la composition d'explosifs étaient découverts", a indiqué le procureur. Ce volet de l'enquête est entre les mains du Pnat. Au cours de sa garde à vue, le suspect a affirmé avoir agi "dans le but de sauver la vie de l'enfant" même s'il a admis avoir "peut-être été manipulé".

L'enquête ouverte par le Pnat et visant ces quatre personnes l'avait été pour "association de malfaiteurs terroriste", selon une source judiciaire. De potentielles cibles semblait avoir été identifiées. "Ils évoquaient pêle-mêle les institutions, l'Élysée, des centres de vaccination, des centres de finances publiques, des bâtiments administratifs…", selon une source proche de l'enquête. Selon une autre source, leur profil "s'apparente à la mouvance survivaliste".

Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité

Compte tenu des investigations déjà réalisées et la proximité des Vosges avec l'Allemagne, la Suisse et la Belgique, "il n’est pas à exclure que (Mia et sa mère) aient pu quitter le territoire national", a prévenu le procureur. "Mon parquet a également émis des demandes d'entraide pénale internationale en urgence absolue." Au regard du "caractère très organisé de cette action et de la sophistication des techniques utilisées", l'enquête, qui mobilise 90 militaires, porte désormais sur le chef de "enlèvement de mineur de moins de 15 ans commis en bande organisée". Ses auteurs encourent la réclusion criminelle à perpétuité.