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avec AFP / Crédits photo : GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP , modifié à
Au lendemain d'une première journée marquée par des huées et des heurts d'une rare intensité à l'occasion de la venue d'Emmanuel Macron, Jordan Bardella, le président du Rassemblement national, s'est offert un bain de foule et des selfies. Après la fermeture, Gabriel Attal a dîné avec des représentants des syndicats pour fêter le 60e anniversaire de l'événement.
L'ESSENTIEL

Rarement une ouverture du Salon de l'Agriculture n'aura été aussi mouvementée. Emmanuel Macron a quitté samedi soir le Salon après 13 heures d'une visite marquée par des huées et des heurts d'une grande intensité, alors que l'exécutif cherchait depuis un mois à apaiser le mouvement de colère des agriculteurs avant leur grand rendez-vous annuel. Ce dimanche, c'était au tour de Jordan Bardella, président du Rassemblement national, de parcourir les allées à la rencontre des agriculteurs, avant la venue du Premier ministre Gabriel Attal, après la fermeture au public.

Les principales informations :

  • Après une journée mouvementée samedi, Emmanuel Macron a quitté le Salon de l'Agriculture vers 21h15, soit après 13 heures de visite
  • Le président a fait plusieurs annonces, dont la création d'un "prix plancher"
  • En visite au salon, Jordan Bardella a martelé qu'"il faut changer de logiciel" au niveau européen
  • Le président du RN a tenté de montrer une visite totalement opposée à celle d'Emmanuel Macron la veille, multipliant les selfies avec les visiteurs
  • Gabriel Attal dîne ce dimanche soir avec des représentants syndicaux pour fêter la 60e édition

Le Salon de l'Agriculture "n'est ni un cirque médiatique, ni un cirque politique, ni un cirque militant", dit Attal

Le Salon de l'Agriculture "n'est ni un cirque médiatique, ni un cirque politique, ni un cirque militant", a déclaré dimanche soir Gabriel Attal lors d'une réception au Salon, après l'ouverture chaotique par Emmanuel macron samedi et la visite dimanche du leader du RN Jordan Bardella.

"Je veux aussi rappeler que ce salon appartient avant tout aux agriculteurs et aux Français. Et je rappelle que le Salon de l'agriculture doit être, cette année encore, la fête nationale et le succès populaire qu'il est depuis 60 ans pour les Français", a déclaré le Premier ministre lors d'une courte allocution, au lendemain d'une ouverture de l'évènement marqué par des affrontements entre forces de l'ordre et agriculteurs opposés à la venue du chef de l'Etat.

Gabriel Attal dîne ce dimanche soir après la fermeture du Salon

Selon les informations d'Europe 1, le Premier ministre Gabriel Attal doit dîner ce dimanche soir au Salon, après sa fermeture, pour fêter, avec des représentants des syndicats, le 60e anniversaire de cet événement incontournable du monde agricole français. Une première apparition en toute discrétion avant sa visite officielle prévue mardi.

À noter que lundi, les LR François-Xavier Bellamy et Éric Ciotti sont attendus porte de Versailles à Paris. Mercredi, au lendemain de la venue officielle de Gabriel Attal, Marine Le Pen et les leaders communistes doivent rencontrer à leur tour les agriculteurs. Éric Zemmour et Marion Maréchal ont prévu de s'y rendre jeudi, tandis que Marine Tondelier et Marine Toussaint pour les écologistes vont faire le déplacement vendredi.

Accueil réussi pour Jordan Bardella

Depuis ce dimanche matin, Jordan Bardella déambule sous les applaudissements entre les vaches et les chèvres, dans le pavillon des animaux. Il enchaîne les bains de foule, les selfies avec des visiteurs, des agriculteurs visiblement très satisfaits, très enthousiastes de recevoir la visite du président du Rassemblement national. "Je suis venue aujourd'hui voir Jordan parce que je trouve qu'il représente bien la jeunesse et les Français d'aujourd'hui", estime une visiteuse au micro d'Europe 1. "Vu les huées que Macron a eu hier (samedi), je pense que Bardella a bien été accueilli. Il porte un peu plus [sa voix, ndlr] pour les paysans que Macron", estime un autre.

Jordan Bardella s'intéresse, goûte les produits régionaux qu'on lui présente, écoute, répond, reçoit des appels à l'aide aussi, constate sur place Europe 1. Aux questions sur la colère des syndicats, il rappelle que la décroissance agricole n'est pas une fatalité et dénonce la brutalité politique du chef de l'État. "Les mesures qu'il a prises précisément depuis une décennie ont contribué à aggraver la situation du monde agricole et à aggraver l'effacement rural. Parce que derrière l'agriculture, c'est une part de la France qui s'en va lorsque l'agriculture s'en va", estime le président du RN.

Un accueil plus que réussi pour la tête de liste aux européennes, très loin de la déambulation sous tension du chef de l'État samedi dans des allées vides. La visite n'est pas terminée : Jordan Bardella devrait continuer sa déambulation ce dimanche jusqu'à 18 heures, mais aussi lundi, toute la journée. Une manière de montrer qu'il se tient aux côtés du monde agricole avant de laisser sa place à Marine Le Pen, attendue au salon ce mercredi. 

Jordan Bardella veut "changer de logiciel" pour l'agriculture française

Jordan Bardella a entamé dimanche matin une visite de deux jours au Salon de l'Agriculture, martelant d'emblée son ambition de "changer de logiciel" au niveau européen. "Il faut changer de logiciel" pour l'agriculture française, a déclaré Jordan Bardella. "Évidemment il y a la question du revenu et du travail. Mais il faut que nos agriculteurs soient compétitifs. Or, en étant mis en concurrence avec des produits ou des filières qui ne respectent aucune des normes" qui leur sont imposées, "c'est très compliqué", a-t-il estimé.

"Moi je milite pour le patriotisme économique et pour sortir des accords de libre-échange". Car si en théorie "des accords commerciaux peuvent être bénéfiques à l'agriculture française", "à chaque fois (...) c'est à notre désavantage", a ajouté le député européen.

Ciblé samedi par Emmanuel Macron comme étant le parti du Frexit, le Rassemblement national entend bien riposter. Dans une campagne européenne aux allures de guerre d’images, Jordan Bardella, le président du RN restera 48 heures sur place, "pour prendre le temps", explique son entourage. Une manière surtout d’afficher sa proximité avec les agriculteurs, là où Emmanuel Macron a suscité samedi une forte hostilité.

Visiteurs et exploitants espèrent une deuxième journée plus calme

Après une première journée marquée par des heurts, visiteurs et exploitants présents au Salon de l'Agriculture espèrent une journée plus normale. "Aujourd'hui, on souhaite qu'il y ait plein de monde dans les allées, notamment dans le pavillon 1, où sont les animaux", sourit Jeannie, qui chouchoute Oreillette, l'égérie de cette 60e édition.

Les éleveurs du pavillon espèrent que cette journée se déroulera sans encombre. "Il ne faut pas oublier que le hall où il y a tous les animaux, c'est le hall qui attire le plus de monde. Mais quand on voit une famille qui a deux enfants et qui attend 3 heures devant une porte, qui arrive au milieu des vaches pas avant 14 heures, qui a payé et qui profite du salon que 4 heures au lieu de 8 heures, c'est un peu limite. C'est vrai que le salon ne fait aucun effort vis-à-vis de ces gens-là et c'est un peu dégueulasse", regrette Julien, éleveur à Montbéliard, au micro d'Europe 1.

Une première journée chaotique en marge de la venue d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a quitté samedi soir le Salon de l'agriculture après 13 heures d'une visite marquée par des huées et des heurts d'une rare intensité, alors que l'exécutif cherchait depuis un mois à apaiser le mouvement de colère des agriculteurs avant leur grand rendez-vous annuel. Sur le fond, le président français s'est efforcé toute la journée de prouver que les agriculteurs avaient été écoutés par l'exécutif et les réformes lancées. Et il a accédé en particulier à deux revendications : la fixation future d'un prix minimum auquel les agriculteurs vendraient leur viande ou autre produit, et l'élévation au rang d'intérêt général majeur de l'agriculture.

Arrivé à 8 heures, il a fini sa visite vers 21h15, après avoir échangé, verre à la main, sur le stand des brasseurs, conclusion traditionnelle des venues du locataire de l'Élysée au terme d'une journée tout sauf ordinaire.