En Côte-d'Or, un abattoir mobile pour traiter les animaux avec "respect et calme"
Notre reporter est allé à la rencontre des deux éleveurs à l'origine d'un projet inédit, dont l'État vient d'autoriser l'expérimentation pour quatre ans.
A Beurizot, au fin fond de la campagne dijonnaise, deux éleveurs travaillent sur un projet inédit. Alors que se multiplient les vidéos "choc" tournées dans les abattoirs , pour alerter sur le bien-être animal, ils font construire un abattoir mobile, dont l'Etat vient d'autoriser l'expérimentation pour quatre ans.
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"Je pense que c'est la plus belle des méthodes"
Venu de Suède, le principe est simple : le camion vient se garer au milieu du champ de l'éleveur, pour abattre les animaux directement dans sa remorque, sans avoir à les transporter. "Je pense que c'est la plus belle des méthodes", explique à Europe 1 l'un des fondateurs de la version française du projet. "Les bêtes croiront qu'elles traversent un couloir pour retourner dans leur pré, mais en fait à ce moment-là, l'abatteur sera là avec son matador et assommera la bête."
Les photos de l’abattoir mobile, un camion qui respecte les normes d’hygiène et de sécurité. Les bovins sont abattus dans le calme, sous les yeux de l’éleveur. Les animaux sont moins stressés. Le système existe en Suède. La France va l’expérimenter pendant 4 ans .#europe1 pic.twitter.com/S39S6M7veq
— Martin Feneau (@MartinFeneau) 3 mai 2019
"La bête ne voit pas la mort arriver, elle n'est pas stressée", poursuit l'agriculteur. "Elle croit qu'elle retourne à la liberté, on ne l'a pas choquée, on ne l'a pas bousculée. La vache, on l'aura traitée avec respect et calme."
"L'éleveur reste maître de ses animaux jusqu'au bout"
L'argument numéro un de ces éleveurs-entrepreneurs est donc de réduire le stress de l'animal, par rapport à un abattage traditionnel nécessitant un transport. "Il y a quand même, à chaque fois, une boule dans le ventre", souffle Emilie, l'autre créatrice du projet. "On espère que sur la route ça va aller, qu'on va pouvoir conduire doucement, qu'elles ne vont pas être trop avoir peur."
"Et puis quand on les décharge, il y a quelque chose qui nous échappe", poursuit l'éleveuse. "Ce sont d'autres personnes qui les prennent en charge jusqu'à leur mise à mort et on ne sait pas comment ça va se faire. Là c'est l'éleveur qui reste maître de ses animaux jusqu'au bout, jusqu'à leur entrée dans le camion. C'est bluffant parce que c'est calme, parce que c'est vraiment dans une attitude apaisante, qu'on ne retrouve pas dans les abattoirs fixes."
Quand le camion sera prêt, d'ici un an, les deux éleveurs se lanceront dans une tournée des élevages de France. Ils l'assurent : cela ne coûtera pas plus cher aux agriculteurs. Quant à la viande, elle bénéficiera d'un label spécifique.