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Frédéric Michel (sur place), édité par Juliette Moreau Alvarez , modifié à
Face aux inondations qui causent de plus en plus de dégâts dans le Sud-Est, plusieurs communes de la Côte d'Azur s'équipent afin d'éviter de lourds bilans humains et des dégâts matériels importants. Si c'est le cas de Mandelieu-la-Napoule, le maire tire la sonnette d'alarme sur la difficulté administrative de mettre en place toutes ces infrastructures.

Un épisode méditerranéen est en cours dans le Sud-Est de la France ce samedi. D’importantes précipitations sont encore attendues dans les prochaines heures. La Côte d’Azur quant à elle retient son souffle à chaque "pluies diluviennes", depuis les inondations meurtrières de 2015. Depuis plusieurs années dans le Sud-Est, des campagnes de prévention sont lancées et plusieurs communes s’équipent de matériels et d’ouvrages permettant de lutter contre ces crues dévastatrices.

Un bassin de rétention et des véhicules amphibies

À Mandelieu-la-Napoule, dans les Alpes-Maritimes, un bassin de rétention vient d’être construit. Il doit aider à contenir les eaux. Dans la commune, les tractopelles sont encore en action, mais ce bassin d’une capacité de 14.000 mètres cubes, grand comme un terrain de football, est déjà opérationnel.

Il a été creusé en aval du ruisseau de La Théoulière qui, à chaque pluie diluvienne, se transforme en torrent. Sébastien Leroy, maire de Mandelieu-la-Napoule, explique ce choix : "L'objectif, c'est de ralentir l'inondation, de stocker l'eau, pour lui permettre de s'écouler naturellement. Ce vallon, qui aujourd'hui est à sec et très calme, a été responsable de l'inondation de la quasi totalité du centre-ville il y a deux ans. Avec cet ouvrage, on pourra affronter une crue centennale de manière sereine."

Depuis un an, la police municipale de Mandelieu-la-Napoule est aussi équipée de deux véhicules amphibies. "Ils peuvent à la fois rouler sur une route normale, un terrain accidenté mais également naviguer comme un petit bateau", décrit le directeur de la police Pierre Boutillon. "Cela nous permettrait d'accéder, en cas d'inondations importantes, à n'importe quel secteur de la commune pour pouvoir transporter des gens, amener du matériel ou encore des vivres."

Parallèlement, comme dans tout le département, la commune multiplie les campagnes de préventions, informant les populations sur les bons gestes à adopter en cas d’inondations, comme par exemple ne pas chercher son véhicule en sous-sol. En 2015, huit personnes étaient décédées à Mandelieu dans des parkings. 

"Il faut simplifier, s'adapter !"

Malgré tous ses efforts, le maire de la commune se sent abandonné par l'État. Sébastien Leroy dénonce des lourdeurs administratives. "Aujourd'hui, la réalité française, c'est qu'entre la réglementation, la législation, la bureaucratie, la multitude de bureaux qui doivent vous donner un avis conforme sur des problématiques totalement différentes et parfois contradictoires en elles, on avance pas et on bloque des projets pendant des années voire des décennies. Même si des vies humaines et des biens sont en jeu, ces législations aujourd'hui ne sont pas revues, et ce bassin qu'on aurait pu faire en un an et demi on le fait en deux ans et demi."

Pour le maire, chaque aménagement est un combat. Il rapporte travailler sur un projet depuis maintenant plus de 13 ans. "On est toujours aux études théoriques", s'exaspère-t-il. "Il faut simplifier, s'adapter ! On ne pourra jamais être plus forts que la nature mais la résilience de notre territoire, ça passe par une multitude d'actions, dont des grands ouvrages qui ne sortent pas de terre uniquement parce qu'on suit tous ces labyrinthes inutiles", affirme le maire avec colère.

La région a déjà fait face à des inondations meurtrières en 2015, qui ont fait vingt morts à Cannes, Mandelieu, Biot, mais aussi il y deux ans dans les vallées de l’arrière-pays niçois. Il y a eu dix morts et huit disparus à Vésubie, Tinée et Roya, sans oublier des dégâts au niveau des infrastructures qui sont les plus importants depuis la Seconde Guerre mondiale.