Course folle et dilatation : d'où viennent les expressions autour de la "rate" ?

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Stéphane Bern , modifié à
Dans l'émission d'Europe 1 "Historiquement vôtre", Stéphane Bern se penche sur les racines d'une expression que l'on utilise au quotidien. Mercredi, il s'intéresse aux origines de ces expressions qui contiennent le mot "rate", comme "courir comme un dératé" ou encore "se dilater la rate".

Stéphane Bern propose chaque jour, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte de ces expressions que l'on utilise au quotidien sans forcément connaître leur origine. Mercredi, l'animateur nous explique d'où viennent les expressions dans lesquelles figure le mot "rate", comme "courir comme un dératé" ou "se dilater la rate". Il explique également le lien entre cet organe et le spleen, car oui la rate a, à de nombreuses reprises, eu affaire à nos émotions. 

La rate, centre de certaines émotions...

"Dans le cas de 'courir comme un dératé', l'explication est plutôt simple. Durant l’Antiquité, on était persuadé que la rate était une gêne pour la course. Celui à qui on avait ôté la rate pouvait donc ensuite courir comme un dératé. Cette idée que la rate est inutile va perdurer à travers les siècles. Mais en 600 après Jésus Christ, les choses changent et une nouvelle hypothèse émerge : la rate est le centre du rire, selon l’ecclésiaste Isidore de Séville. Dès lors, si on la retire, on perd le sens de l’humour. Une nouvelle expression va alors naître quand une personne rit à gorge déployée. On dit qu'elle se dilate la rate. 

... aux origines du spleen

Quelques centaines d'années plus tard, au 14ème siècle, nos connaissances évoluent et la rate est considérée comme le réceptacle de la mélancolie. Une hypothèse que l'on doit à Henri de Mondeville, le chirurgien du roi Philippe IV dit "le bel" (1268-1314).

D'ailleurs, en latin la rate se dit splen, et esplen en ancien français. Cela vous rappelle quelque chose ? C'est tout à fait normal, puisque c'est à partir de cette racine latine que se forge le mot 'spleen'. Ce dernier est donc un anglicisme d'origine française qui a eu ses lettres de noblesse avec le poème du même nom de Voltaire, ou encore Les fleurs du mal de Charles Baudelaire."