Drogues : les maires de Strasbourg et Paris appellent à maintenir les haltes soins addictions

Soutenues par des élus de plusieurs villes dont Bordeaux, Marseille ou encore Lille, les maires de Strasbourg et Paris ont lancé mardi un appel pour pérenniser les haltes soins addictions qui permettent de consommer de la drogue de manière encadrée.
Les maires de Strasbourg et Paris, soutenues par des élus de plusieurs villes dont Bordeaux, Marseille ou encore Lille, ont lancé mardi un appel pour pérenniser les haltes soins addictions qui permettent de consommer de la drogue de manière encadrée. Créés en 2016, ces lieux s'adressent aux usagers de drogues les plus éloignés du système de soins. Il n'en existe que deux en France : à Paris et à Strasbourg, et leur expérimentation doit s'achever à la fin de l'année.
"Ces salles ne protègent pas seulement la santé des usagers, mais celle de l'ensemble de la population en limitant les contaminations (...) et sont aussi un atout majeur pour la tranquillité publique de nos concitoyens", font valoir la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian et celle de Paris Anne Hidalgo dans cette tribune publiée sur lemonde.fr à l'occasion d'un colloque européen qui se tient mercredi et jeudi à Strasbourg sur ce sujet ultra-sensible. Plusieurs études, dont l'une publiée par l'Inserm en 2021, attestent de l'utilité des haltes soins addictions.
Dans un rapport d'octobre 2024, l'Igas recommande de "pérenniser" les salles de Paris et Strasbourg et "d'inscrire dans le droit commun" les haltes soins addictions pour permettre d'en ouvrir d'autres. Mais l'expérimentation est prévue jusqu'à fin décembre 2025 et "à six mois de cette échéance fatidique, les territoires, partenaires et équipes des salles n'ont aucune visibilité sur leur avenir et restent sans nouvelle du gouvernement", regrettent les élues.
"On a très peur que soient décrétées des fermetures"
Soutenues par les maires de Rennes, Montpellier, Lille, Lyon, Bordeaux, Nancy, Marseille, Villeurbanne et Besançon, Jeanne Barseghian et Anne Hidalgo appellent "le gouvernement à déposer en toute responsabilité un projet de loi afin de transformer ces expérimentations en dispositifs pérennes, et d'envisager l'ouverture de nouvelles Haltes Soins Addictions dans les nombreux territoires volontaires".
"On a très peur que soient décrétées des fermetures puisque le dossier, qui est entre le ministère de la Santé et le ministère de l'Intérieur, fait l'objet de débats politiques intenses qui, à mon avis, ne sont pas fondés", a déclaré à l'AFP Jeanne Barseghian. L'élue EELV se dit convaincue, qu'"y compris sur les questions sécuritaires et de tranquillité publique, ces salles sont des atouts".
"Ça permet, de manière très concrète, de mieux connaître les produits qui sont consommés, et donc dans la lutte contre le narcotrafic, et pour mieux adapter nos politiques de prévention, c'est assez intéressant", a-t-elle souligné. Egalement inquiète de leur devenir, l'ONG Médecins du monde avait annoncé mi-avril attaquer l'État en justice pour "inaction" afin d'obtenir la pérennisation du dispositif.