Les soignants s'inquiètent de l'augmentation du nombre de jeunes patients atteints d'une forme grave du Covid-19. 2:55
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Romain David , modifié à
Au micro d'Europe midi ce samedi, Odile Launay, infectiologue à l’hôpital Cochin à Paris, a estimé que la circulation du virus du Covid-19 en France était bien plus intense actuellement que durant les deux premières vagues, au printemps dernier et cet automne. Mathématiquement, on rencontre davantage de personnes jeunes touchées par des formes graves.
INTERVIEW

La campagne de vaccination contre le Covid-19, ouverte à l'ensemble des plus de 70 ans ce samedi, continue de se concentrer sur ceux qui développent des formes graves de la maladie, notamment les plus âgés, alors qu'une personne sur deux de plus de 75 ans n'est pas encore immunisée. Mais dans les hôpitaux, on constate également un rajeunissement inquiétant des personnes admises en réanimation, signe "que le virus circule avec une intensité exceptionnelle, bien plus qu'aux vagues précédentes", selon Odile Launay, infectiologue à l’hôpital Cochin à Paris, coordinatrice du centre de vaccinologie Cochin-Pasteur et membre du comité "Vaccin Covid-19".

La vaccination et le variant anglais définissent l'impact de cette troisième vague

"On est inquiet par le fait que des personnes plus jeunes, sans facteur de risque, peuvent développer des formes graves, être hospitalisées en soins critiques et potentiellement décéder de cette maladie", alerte cette spécialiste, qui invoque trois raisons pour expliquer que cette troisième vague puisse toucher plus durement des personnes qui n'ont pas encore la soixantaine. "Le nombre de personnes atteintes est très élevé et, de façon mathématique, les formes graves surviennent de manière plus élevée chez des personnes plus jeunes", développe Odile Launay.

Selon elle, la vaccination d'une large part des personnes âgées, notamment les résidents en Ehpad, peut aussi donner l'impression d'un rajeunissent des malades, le nombre de seniors risquant de développer des complications étant moindre que lors des deux premières poussées épidémiques, au printemps dernier et à l'automne. "Le troisième élément, c'est qu'on a aujourd'hui en France un variant anglais, désormais majoritaire. On savait après l'avoir observé au Royaume-Uni qu'il était plus contagieux, et donc potentiellement plus sévère. Il est donc possible qu'il touche les sujets plus jeunes de façon plus facile", relève notre infectiologue.

"Le rôle des grands enfants et des adolescents, est majeur dans le risque d'infection"

Devant l'intensité de cette nouvelle vague de contaminations, et l'incapacité des mesures de restriction prises depuis janvier à faire retomber la fièvre, certains membres de l'opposition et scientifiques appellent à faire fermer les établissements scolaires, du moins dans les 19 départements placés en semi-confinement. "On a des données aujourd'hui qui montrent que le rôle des enfants, en tous cas des grands enfants et des adolescents, est majeur dans le risque d'infection", souligne Odile Launay. "Une étude très récemment publiée par l'Institut Pasteur de Paris montre que dans les familles où il y a des enfants, et en particulier s'ils sont au collège ou au lycée, le risque d'être infecté pour les parents augmente de 30%."

"Cela justifie peut-être, comme le proposent certains épidémiologistes, de fermer les écoles de façon anticipée par rapport aux vacances afin de limiter la circulation du virus", conclut la coordinatrice du centre de vaccinologie Cochin-Pasteur.