Des migrants enfermés en centre de rétention dénoncent "des mauvaises conditions sanitaires"

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Le centre de rétention administrative est un lieu où sont enfermés les migrants en attente d'expulsion. (photo d'illustration) © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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avec AFP
Pour dénoncer "des mauvaises conditions sanitaires" et réclamer leur libération, près d'une cinquantaine d'hommes enfermés dans un centre de rétention administrative en Seine-et-Marne ont passé la nuit de samedi à dimanche dans la cour du bâtiment.

Près d'une cinquantaine d'hommes enfermés dans le centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne, ont passé la nuit de samedi à dimanche dans la cour du bâtiment pour dénoncer "des mauvaises conditions sanitaires" et réclamer leur libération, a-t-on appris de sources concordantes.

Des "coups de matraque et des gaz lacrymogènes"

"Il y a 47 hommes retenus au CRA qui sortent de prison. Ils sont en situation irrégulière", indique la préfecture de Seine-et-Marne. Le centre de rétention administrative est un lieu où sont enfermés les migrants en attente d'expulsion. Les retenus ont regagné leur bâtiment après l'intervention de la police dimanche en début d'après-midi, selon la préfecture. Dans un communiqué commun, des sans-papiers déclarent avoir subi des "coups de matraque et des gaz lacrymogènes". Des affirmations que conteste la préfecture.

Une suspicion de Covid-19

Enfermés depuis le début du confinement, des retenus se disent "en panique" et dénoncent "des mauvaises conditions sanitaires". "L'un d'entre nous a été libéré, il y a quelques jours à la suite d'une suspicion de Covid-19". Sur place, ils indiquent n'avoir "ni masques, ni gel hydroalcoolique". La préfecture de Seine-et-Marne précise qu'"aucun cas de Covid-19" n'a été détecté au Mesnil-Amelot qui est le plus grand CRA de France, situé à quelques centaines de mètres des pistes de l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle.

Joint par téléphone, Yousri qui fait partie des retenus, est sorti de la prison de Fresnes, dans le Val-de-Marne, le 7 mars. Le jeune homme de nationalité tunisienne s'est vu notifier une obligation de quitter le territoire français. "Ils ne peuvent pas nous renvoyer car il n'y a pas d'avions alors ils doivent nous libérer. On ne veut pas attraper le coronavirus enfermé", déclare Yousri qui a "entamé une grève de la faim samedi".

Un premier cas de Covid-19 a été détecté dans un CRA, celui de Paris-Vincennes, où 54 personnes sont encore enfermées. Ces dernières semaines, la poursuite de l'activité des CRA a fait l'objet d'un bras de fer entre le gouvernement et les défenseurs des migrants. Le Conseil d’État a tranché le débat fin mars, en décidant que ces établissements pouvaient rester ouverts, jugeant que le maintien en rétention n'est pas un "facteur d'évolution de l'épidémie". Depuis un mois, les CRA se sont progressivement vidés, sous l'impulsion de décisions de remises en liberté par des juges.