39 personnes ont été interpellées en France, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas dans le cadre du démantèlement d'un réseau de passeurs. 1:42
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Lionel Gougelot, édité par Laura Laplaud
39 personnes ont été interpellées en France, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas au cours d'une vaste opération de police dans le cadre du démantèlement d'un réseau de passeurs. L'enquête avait débuté en France l'an dernier à partir de l'arrestation de passeurs qui faisaient traverser la Manche à des migrants sur des bateaux pneumatiques.

C'est la première fois qu'une telle enquête permet de mettre hors-jeu un réseau tout entier, des petites mains aux donneurs d'ordres. 39 personnes ont été interpellées en France, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas dans le cadre du démantèlement d'un réseau de passeurs.

Le réseau a permis le passage clandestin d'au moins 10.000 migrants

L'enquête avait démarré l'an dernier en France après l'arrestation de passeurs qui faisaient traverser la Manche à des migrants sur des bateaux pneumatiques. Élargie au niveau européen, elle a été détaillée mercredi à La Haye, au siège d'Eurojust, l'organisation de coopération judiciaire européenne.

Le réseau était d'une telle importance qu'on estime qu'il a permis le passage clandestin vers l'Angleterre sur des petits bateaux d'au moins 10.000 migrants sur les 18 derniers mois. Un trafic à l'échelle quasi industrielle, une organisation tentaculaire depuis l'Allemagne, jusque sur le littoral des Hauts-de-France.

Un chiffre d'affaires généré de 15 millions d'euros

"Cette organisation supervisait l'acheminement des migrants de toutes nationalités sur les plages par des chauffeurs et l'acheminement des bateaux depuis l'Allemagne et les Pays-Bas", détaille la procureure de Lille, Carole Etienne, à la tête de la juridiction qui a piloté l'enquête. 

"Le recours à des complices implantés localement, qu'il s'agisse de propriétaires d'immeubles et d'appartements, de garagistes, de négociants automobiles. Cette organisation supervisait également les traversées maritimes proprement dites", explique-t-elle.

Un trafic juteux qui, pour des tarifs variant de 2.000 à 3.500 euros la traversée, aurait généré un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros. Avec des moyens colossaux : 150 bateaux, 50 moteurs, 1.200 gilets de sauvetage stockés en Allemagne ont été saisis au cours des perquisitions. La tête de réseau, un kurde-irakien de 26 ans a été interpellé lundi au Royaume-Uni. Les investigations se poursuivent, mais il ne semble pas que cette organisation soit impliquée dans le naufrage de l'embarcation qui avait fait 27 morts dans la Manche en novembre dernier.