Crack à Paris : les riverains, de plus en plus inquiets, manifestent

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Une manifestation réunissant plusieurs collectifs de riverains du nord-est parisien touchés par la consommation de crack en pleine rue a réuni environ 200 personnes ce samedi place Stalingrad. © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
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Marion Gauthier avec AFP , modifié à
Une première manifestation réunissant plusieurs collectifs de riverains, du nord-est parisien, touchés par la consommation de crack en pleine rue, sujet sensible dans la capitale, a réuni environ 200 personnes ce samedi place Stalingrad. Ils ont manifesté contre l'ouverture de nouvelles salles de shoot près de zones d'habitation.

Les collectifs de quartiers, venus dire "non aux salles de consommation et de repos dans les zones d'habitation et de commerces" et "oui à une prise en charge digne des toxicos", se sont rassemblés une semaine après l'évacuation d'une cinquantaine de toxicomanes des abords des Jardins d'Éole, leur dernier point de fixation non loin de là, vers la porte de La Villette limitrophe d'Aubervilliers et de Pantin. "On est un peu déçus", a réagi Delphine Martin, présidente de l'association "Vivre ! Boulevard de Strasbourg/Faubourg Saint-Denis/Saint-Martin", à propos de la faible mobilisation. 200 personnes étaient rassemblées samedi dans la capitale, place Stalingrad.

Déplacement des toxicomanes aux portes de Paris

"Les gens se mobilisent beaucoup quand on fait ça dans leur quartier au pied de chez eux, mais dès qu'il faut bouger un peu, les gens ne se déplacent pas", a-t-elle regretté. Les toxicomanes des abords des Jardins d'Éole, chassés de Paris vers la Seine-Saint-Denis, se retrouvent dans une zone éloignée des habitations selon les autorités, mais pas suffisamment pour Mike Mwanza, l'administrateur du collectif 93 Anti-crack. "Tous ceux qui ont pu dire qu'il n'y a pas de riverains tout autour n'ont pas pris le temps de pouvoir passer pour voir s'il y a des riverains ou pas", fulmine-t-il au micro d'Europe 1. "Pour eux, on n'est pas des humains, on est juste des chèvres. Pour eux, on n'est pas des habitants."

Un sentiment d'insécurité 

Mi-septembre, la mairie avait renoncé à implanter rue Pelleport, dans le 20e arrondissement de Paris, un centre d'accueil pour consommateurs de crack, dérivé bon marché de la cocaïne, après une forte mobilisation des riverains et l'opposition du gouvernement, qui a validé dans le même temps "la création de nouveaux lieux dédiés à l'accueil et au repos" des toxicomanes voulue par la maire PS Anne Hidalgo. "On dit qu'il n'y a pas de riverains, oui, mais nous, on est là. On peut vivre, habiter, manger avec des crackés parce que c'est juste à côté", poursuit Mike Mwanza.

"Il y a des gens qui se font agresser. Moi, ma femme est infirmière. En sortant un matin, elle a croisé qu'il y avait deux dames crackées qui étaient juste devant chez nous. Elle m'a appelé pour me dire 'Je ne peux pas aller travailler maintenant parce que deux dames sont là'. Aujourd'hui, ils sont à la porte d'Aubervilliers, à la porte de Pantin. Demain, ils seront où ? Ce que l'on veut, c'est que ces personnes-là soient traitées, soit aidées, tout simplement. Ces gens-là sont des victimes autant que l'ensemble des victimes. On ne baissera pas les bras." 

Jeudi dernier, une réunion entre la Ville de Paris et les organes de l'État acteurs du plan Crack, déclenché en 2019, a permis d'acter "le renforcement des mesures d'hébergement", actuellement à hauteur de 400 lits, a indiqué la préfecture d'Île-de-France vendredi dans un communiqué. Le premier adjoint d'Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire, a confirmé jeudi à l'AFP la volonté des acteurs publics de "proposer des lieux sur des emprises hospitalières" afin de convaincre les riverains réticents.