Alors que l'épidémie de coronavirus connaît un rebond en France, les autorités sanitaires se préparent avant l'arrivée de la rentrée. Nouveau protocole sanitaire dans les écoles, port du masque obligatoire... Mardi sur Europe 1, le professeur Philippe Juvin, chef de service des urgences de l'hôpital George Pompidou à Paris, également maire Les Républicains de La Garenne-Colombes, dans les Hauts-de-Seine, a dénoncé un manque de "lisibilité" de la part de l'État sur les règles sanitaires communiquées à la population. Il affirme également que le gouvernement manque d"'autorité" dans cette crise.
"On a un peu l'impression que les autorités gouvernementales, souvent, ne décident pas", juge le médecin. "Ils ont du mal à prendre des décisions contraignantes", poursuit-il. Or, "on ne peut pas être à la fois alarmiste, comme le gouvernement l'a été probablement à juste titre durant cet été, et en même temps, ne pas prendre de décisions pour contrer l'alarme que l'on est en train de sonner", pointe Philippe Juvin.
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Un protocole sanitaire dans les écoles encore flou
L'urgentiste prend l'exemple du protocole sanitaire mis en place dans les écoles pour la rentrée, prévue le 1er septembre. Une question importante reste, selon lui, en suspend. "Jean-Michel Blanquer, [le ministre de l'Éducation nationale] a raison de dire qu'il faut retourner à l'école mais une question est posée, non par moi mais par les pédiatres : Qu'est ce que l'on fait s'il y a un cas dans une classe ? Est-ce que l'on ferme la classe ? Est-ce que l'on teste la classe ? Est-ce que l'on ferme l'école ?", se demande Philippe Juvin. Le médecin dénonce une procédure "incompréhensible". "Personne ne comprend ce qu'il faut faire", dit-il. Or, d'après lui, "l'absence de clarté dans les indications fait que les gens n'ont plus confiance".
Pour Philippe Juvin, le retard dans les prises de décisions s'illustre aussi par la question du port du masque obligatoire dans les lieux clos. "La décision a été prise de rendre les masques obligatoires. Pourquoi ? Parce qu'avec quelques-uns, nous avons fait une tribune, nous avons fait du tambour, nous avons tapé du poing sur la table. C'est pour cela qu'ils [les membres du gouvernement] l'ont fait", détaille-t-il.
D'un manque de "lisibilité" vers une crise de confiance
Philippe Juvin prend aussi pour exemple la première carte de Paris, qui indiquait les zones où le port du masque était obligatoire. Le médecin pointe "une carte absurde" qui ressemblait à "une sorte de gruyère". "Si vous voulez que les gens portent le masque, si vous voulez que les gens fassent des efforts, il faut qu'ils aient l'impression de participer à une oeuvre collective", précise Philippe Juvin.
Tous ces exemples participent, d'après Philippe Juvin, à une crise de confiance en France. "Pourquoi les gens n'ont pas confiance ? Parce qu'ils ont l'impression que ceux qui les gouvernent ne savent pas où ils vont", souligne l'urgentiste.