Un pilote de chasse a été la cible d'un bizutage extrêmement violent. Image d'illustration. 2:00
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Stéphane Frangi, édité par Manon Bernard
Les bizutages peuvent parfois être extrêmement traumatisants. Comme celui subi par un pilote de chasse, en mars 2019. Affecté à la base de Solenzara, en Corse, le militaire a reçu un accueil violent et dangereux : ses collègues l’ont attaché, yeux bandés, à un poteau dans un champ de tir alors que des Mirages s’exerçaient. 

L’histoire est hallucinante. Un pilote de chasse affecté à la base de Solenzara, en Corse a été accueilli de manière extrêmement brutale, révèle vendredi matin le quotidien La Provence. En guise de bienvenue, le militaire a passé vingt minutes attaché à un poteau au milieu d'un champ de tir. Autour de lui, des Mirages effectuaient des tirs réels. "Ce sont des violences d'une gravité inouïe", juge, l’avocat de la victime au micro d’Europe 1.

"C'est extrêmement dangereux, c'est intolérable"

"Je ne sais pas si on a joué à la roulette russe avec lui. Mais en tout cas, on l'a gravement mis en danger. Et on l'a très sévèrement traumatisé", lance maître Frédéric Berna. Les humiliations ont commencé dès l’arrivée du militaire sur le sol corse. Le pilote se retrouve ensuite ligoté, le visage masqué par un sac noir, avant d’être jeté sans ménagement à l'arrière d'un pickup pour un trajet à toute vitesse sur des chemins accidentés. Direction le lieu de son supplice. Il a alors passé vingt minutes en enfer sous des tirs d'obus toujours cagoulé.

L’homme est également sanglé à un pylône marqué d'impacts et surmonté d'une croix rouge, une cible prévue pour l’entrainement aérien des pilotes de chasse. Le militaire était "attaché dans le sens de rotation des éclats. Ils auraient pu lui couper une jambe ou un bras", condamne l’avocat. Avant d’ajouter : "c'est extrêmement dangereux, c'est intolérable". La victime ne voyait rien, mais entendait le va et vient des avions de chasse et la secousse des explosions à un kilomètre environ. Une situation d'angoisse totale.

Ses tortionnaires semblent alors animés d'un certain sentiment d'impunité : ils filment et photographient toute la scène. 

Deux ans pour s’élever contre la Grande Muette

Ces faits remontent à mars 2019. Il aura donc fallu deux ans à ce soldat pour briser la loi du silence.

Contacté, le porte-parole de l'armée de l'air condamne ces agissements. Un processus disciplinaire interne a été enclenché il y a plusieurs mois déjà. Dans la chaîne de commandement, des soldats ont été identifiés et très sévèrement punis. "On a tapé fort", explique-t-on à Europe 1, sans autres précisions.