C’est une enquête tentaculaire que mène actuellement la justice autour de la bande dite du "Petit Bar", du nom d'un établissement d'Ajaccio, soupçonné d’être au cœur d’activités mafieuses. Mercredi dernier, une dizaine de personnes, dont une figure du banditisme, ont été interpellées et placées en garde à vue. Ils devraient désormais être présentés aux juges et pourraient être mis en examen, comme l'ont déjà été une dizaine d’autres protagonistes dans le volet financier de l’affaire. Car au-delà des soupçons d’activités criminelles, la bande aurait aussi blanchi des dizaines des sommes colossales.
Le bruit des machines à compter les billets
Les enquêteurs et les juges estiment les sommes concernées à une cinquantaine de millions d'euros. De l'argent liquide, au départ, qui transiterait ensuite sur des comptes à l’autre bout du monde, avant d’être réinvesti notamment dans l’immobilier. Tout cela est apparu en marge de l’enquête sur la tentative d’assassinat de Guy Orsoni : grâce à des micros placés chez les suspects, les enquêteurs ont entendu les conversations et le bruit quasi-quotidien des machines à compter les billets.
D’où vient cette fortune ? S’agit-il d’extorsion, de trafic de drogue ? C’est ce que la justice tente d’éclaircir, mais la tâche est complexe, dans un dossier où il y a eu des fuites. A la veille du premier coup de filet, les principaux suspects ont été prévenus et ont eu le temps de "faire le ménage", voire, pour certains, de s’enfuir. Trois d’entre eux sont d’ailleurs toujours recherchés.
L'affaire transmise aux gendarmes
Le contexte est donc très tendu en Corse, où la police judiciaire s’est vue retirer le dossier. Plusieurs policiers ont été mutés et une enquête est en cours. Les juges, eux, ont transmis toute l’affaire du Petit Bar aux gendarmes qui tentent de boucler l’un des plus gros dossiers judiciaires de ces vingt dernières années sur l’Île de Beauté.