Enquête sur la bande corse du "Petit Bar" : huit nouvelles mises en examen

Huit membres présumés du premier cercle de l'organisation corse dite du "Petit bar" ont été mis en examen.
Huit membres présumés du premier cercle de l'organisation corse dite du "Petit bar" ont été mis en examen. © AFP
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avec AFP
Huit membres présumés du premier cercle de l'organisation mafieuse corse dite du "Petit bar" ont été mis en examen, notamment ce week-end, dans le volet financier de l'enquête instruite à Marseille, a-t-on appris dimanche de source judiciaire. Cinq personnes ont été placées en détention provisoire et trois laissées en liberté sous contrôle judiciaire.

Après Jacques Santoni, chef présumé de la bande mafieuse corse dite du "Petit bar", huit membres présumés du premier cercle de cette organisation ont été mis en examen, notamment ce week-end, dans le volet financier d'une enquête instruite à Marseille, a-t-on appris dimanche de source judiciaire. Les qualifications retenues par les deux juges de la juridiction interrégionale spécialisée dans le crime organisé (JIRS) chargés du dossier visent des faits "d'extorsions et de blanchiment en bande organisée, d'association de malfaiteurs et de non justification de ressources".

21 personnes avaient été interpellées dans ce dossier de blanchiment d'argent sale

Cinq des mis en examen ont été placés en détention provisoire et trois ont été laissés en liberté sous contrôle judiciaire, a-t-on précisé de même source. Vingt-et-une personne avaient été interpellées le 10 janvier en Corse et sur le continent dans ce dossier de blanchiment d'argent sale qui, selon des chiffres avancés par le quotidien "Le Monde"  porterait sur un total de 48 millions d'investissements offshore et immobiliers. Parmi elles figure le chef présumé de l'organisation criminelle, Jacques Santoni. Ce quadragénaire, tétraplégique depuis un accident de moto en 2003, a été mis en examen dès jeudi pour extorsion et blanchiment en bande organisée et association de malfaiteurs et écroué.

Parmi les nouveaux mis en examen figurent Antony Perrino, entrepreneur et ancien PDG de Corse-Matin, placé sous contrôle judiciaire, ainsi que Sonia Susini-Santoni, l'épouse de Jacques Santoni, et son frère Jean-Laurent Susini qui ont tous deux été écroués. Le frère et la soeur sont soupçonnés d'avoir aidé le parrain du "Petit bar" à blanchir 2,3 millions d'euros grâce à un gain de 4,6 millions d'euros remporté au loto par Jean-Laurent Susini. Selon l'accusation, ce dernier aurait accepté de partager son gain avec sa soeur, faussement déclarée "cogagnante", la somme lui étant ensuite remboursée en espèce avec de l'argent sale. Une version contestée par Me Pascal Garbarini, avocat de Jacques Santoni, selon lequel frère et soeur jouaient ensemble au loto depuis des années. "Les numéros joués correspondent à la date de naissance des enfants de Sonia", a-t-il expliqué arguant également qu'une "enquête minutieuse est effectuée par la Française des jeux avant de délivrer les gains".

Un dossier avec aussi un volet criminel

La bande du petit bar, du nom d'un ancien café d'Ajaccio, est depuis les années 2000 au centre de nombreuses enquêtes judiciaires. Constituée autour de l'ancien parrain présumé Jean-Jé Colonna, décédé dans un accident de voiture en 2006, et de son successeur présumé, Ange Marie Michelosi, assassiné en 2008, elle serait aujourd'hui sous l'autorité de Jacques Santoni. Le 28 septembre dernier, une première vague d'arrestations et de perquisitions en Corse et en Suisse avait été menée dans ce dossier qui comprend aussi un volet criminel. Il porte sur une tentative d'assassinat contre Guy Orsini, fils de l'ex-leader nationaliste corse Alain Orsoni, considéré par la justice comme membre d'un clan rival de celui du "Petit bar".

Jacques Santoni a été mis en examen dans ce volet mais trois membres importants de la bande ont échappé au coup de filet, du fait vraisemblablement de fuites. Les juges ont dessaisi la PJ, également visée par des problèmes de procédure, au profit de la gendarmerie. Le chef de la PJ corse a été muté à Paris et son habilitation d'officier de police judiciaire provisoirement suspendue tout comme celles de ses numéros 2 et 3.