Le nombre de malades du Covid-19 dans les hôpitaux restent particulièrement élevés à l'approche de Noël et du Nouvel An. 1:58
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Anne Le Gall, Mélina Facchin, édité par Romain David , modifié à
Alors que les chiffres de l'épidémie de Covid-19 restent élevés en France, et les hôpitaux encore largement touchés par la seconde vague, les professionnels de santé redoutent que les fêtes de fin d'année ne viennent encore aggraver cette situation. Certains appellent à un renforcement des restrictions.
DÉCRYPTAGE

La France devrait-elle prendre des mesures de confinement plus sévères face au Covid-19, comme le font les Allemands, les Italiens, les Autrichiens ou les Polonais ? Certes, les situations sanitaires ne sont pas tout à fait comparables, mais les scientifiques ont alerté ces derniers jours sur le risque d'une troisième vague après les fêtes. "Les fêtes de fin d'année sont des fêtes de sorties festives, avec des personnes de même génération et des moyens de contourner le couvre-feu : à 20 heures, tout le monde se regroupe et les personnes ne ressortent qu'à 6 heures du matin. Ce sont des conditions qui vont favoriser massivement la circulation du virus", alerte auprès d'Europe 1 le professeur Philippe Amouyel, médecin de santé publique à Lille. D'autant que les indicateurs actuels de suivi de l'épidémie sont encore loin d'atteindre les seuils fixés par le gouvernement fin octobre, notamment celui des 5.000 contaminations quotidiennes.

Des services hospitaliers à la limite de la saturation

Les hospitalisations restent stables mais à un niveau élevé, autour de 1.200 nouvelles entrées par jour. Le taux d'incidence repart à la hausse dans plusieurs régions et le R effectif, qui correspond au nombre potentiel de personnes qu'un malade est susceptible de contaminer, est légèrement au-dessus de 1. De dimanche à lundi, ce sont 5.797 nouveaux cas de Covid-19 qui ont été enregistrés par Santé publique France, contre 12.799 de samedi à dimanche. Toutefois, ces chiffres sont à considérer avec prudence et pourraient être largement sous-estimés puisque les remontées des données sont moins rapides le week-end.

Dans ces conditions, Christian Rabeau, infectiologue et président de la commission médicale d'établissement du CHR de Nancy, craint une troisième vague dès la rentrée scolaire, aux alentours du 4 janvier. "Il pourrait y avoir jusqu'à 500 patients de plus en réanimation par rapport à aujourd'hui, c'est-à-dire passer de 2.008 à un peu plus de 3.000", explique-t-il.

Or, dans certains hôpitaux, comme ceux de Nancy, très éprouvés lors de la première vague au printemps dernier, on frôle déjà la saturation. "Ce week-end, pour pouvoir prendre en charge les patients qui se sont présentés, il a fallu réaménager certaines parties de l'hôpital pour traiter les cas Covid", rapporte Christian Rabeau.

Faut-il adopter de nouvelles restrictions ?

Faudrait-il renforcer les contraintes juste après Noël pour protéger les hôpitaux encore sous le coup de la seconde vague ? Un élargissement du couvre-feu , qui pourrait débuter plus tôt, ou un simple reconfinement de 24 à 48 heures pendant le Nouvel An suffirait sans doute, selon le professeur Philippe Amouyel. "Cela reste les deux outils principaux pour contenir la progression du virus", argue-t-il. Mais pas sûr que de telles mesures soient comprises par l'ensemble des Français.

Le gouvernement a fixé un nouveau point de situation au 7 janvier. Certains experts estiment que d'ici là il est encore possible d'inverser la situation en comptant sur le civisme des Français, mais peut-être aussi sur les vacances scolaires qui devraient réduire les brassages de population chez les jeunes, et ainsi contribuer à freiner l'épidémie.