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Romane Hocquet, édité par
L'aggravation de la situation épidémique en France pousse de nombreux scientifiques à prôner un reconfinement des personnes âgées et fragiles pour une durée de quelques semaines. La mesure, qui concernerait 15 millions de personnes, avait déjà été évacuée au printemps dernier. Elle pourrait se révéler inconstitutionnelle.

Face à la dégradation des indicateurs sanitaires liés au coronavirus, l'option d'un confinement pour les seules personnes âgées et fragiles refait surface. En avril dernier, le professeur Jean-François Delfraissy avait suscité un tollé en suggérant de garder les seniors à la maison pendant des mois. Le Conseil scientifique, qu'il préside, y est revenu dans son dernier avis, paru en fin de semaine dernière, avec une recommandation forte d'auto-confinement pour des sujets âgés et fragiles. Cette alternative au confinement général est soutenue par plusieurs scientifiques.

Une mesure pour "deux à trois mois" ?

Les experts le disent : la France est aujourd'hui dans un contexte très différent de celui du printemps 2020. Déjà, la circulation des nouveaux variants va aggraver l'épidémie dans les prochaines semaines, bien au-delà des 20.000 cas par jour. Grâce au lancement de la campagne de vaccination, ce confinement des plus âgés sera limité à quelques semaines, le temps de recevoir la précieuse injection.

"Si on continue un programme de vaccination intense et si ça ne dure que deux à trois mois, ça me paraît légitime", défend Gilbert Deray, chef de service à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière. "D'un côté, on vaccine ces personnes en priorité. De l'autre côté, ces mêmes personnes, qui sont les personnes âgées et celles qui ont des comorbidités, acceptent de s'isoler pendant cette période pour que l'on ait le temps de vacciner le reste de la population et de mettre toute la population à l'abri."

"Rupture d'égalité"

Ce confinement ciblé éviterait aussi de mettre à nouveau le pays à l'arrêt en fermant les commerces et les écoles. Cette décision concernerait tout de même près de 15 millions de personnes, si l'on prend les plus de 65 ans et les personnes avec une pathologie à risque. Le sujet a pour l'instant été balayé par Matignon. "Cela créerait une rupture d'égalité", dit un conseiller ministériel, et donc un possible veto du Conseil constitutionnel. Comme au printemps, l'option n'est pour le moment pas sur la table du gouvernement.