Coronavirus : dans le Nord, une commune offre un test à toute sa population

La commune de Morbecque, dans le Nord, est la première à financer ce type d'opération.
La commune de Morbecque, dans le Nord, est la première à financer ce type d'opération. © AFP
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avec AFP
A Morbecque, une commune de 2.600 habitants située à 50 kilomètres de Lille dans le Nord, chaque habitant a la possibilité d'effectuer un test sérologique du Covid-19 financé par le budget municipal. Il s'agit d'une première en France qui devrait être reproduite dans d'autres villes, comme à Nice, où une opération similaire a été lancée mercredi.

"A mon âge, je voudrais savoir!", tranche Noëla Baude, 86 ans, le visage couvert par un masque en tissu au motif fleuri. A Morbecque (Nord), le maire a offert a toute sa population un test sérologique du Covid-19, une première en France. Diabétique, Noëla Baude n'a pas été malade mais voulait se rassurer. "C'est très bien que le maire fasse ça", salue-t-elle dans la file d'attente du laboratoire d'analyse médicale Biotop, situé dans la commune voisine d'Hazebrouck.

Beaucoup de tests par curiosité

Jusqu'au 1er juillet, les quelque 2.600 habitants de Morbecque, à 50 km au nord-est de Lille, ont la possibilité d'y être gratuitement soumis à un test sérologique pour détecter d'éventuels anticorps du Covid-19, sur la base du volontariat.

"Quand on sait que 80% des gens sont asymptomatiques, la curiosité" est l'un des principaux facteurs, explique Laurent Soupison, biologiste et directeur du laboratoire Biotop, où cinq personnes sont mobilisées pour effectuer environ 12 tests par heure. "Le but était de voir comment se passent les transmissions dans une commune lambda de France qui n'a pas été très contaminée", ajoute-t-il. Cette "vision épidémiologique" permet de "voir si une personne, avec ou sans symptôme, a été en contact avec le coronavirus, même en janvier ou en février".

"J'avais envie de savoir"

"Très fiable", ce test est "beaucoup moins contraignant qu'un prélèvement nasopharyngé", souligne Laurent Soupison. "Les patients prennent rendez-vous, viennent avec un justificatif d'identité et de domicile, remplissent une fiche technique, patientent et sont prélevés."

Dans une salle de prélèvement, Anne-Charlotte Marchant, 30 ans, tend son bras pour se faire piquer. "En tant qu'infirmière en Ehpad, j'ai été en contact avec plusieurs personnes positives, donc j'avais envie de savoir si j'avais pu être contaminée, même si je n'ai pas été malade" pour "éviter de le transmettre à mes proches", confie-t-elle.

"On a respecté un confinement très strict", assure Michèle Casaert, 63 ans. "Normalement, je ne devrais pas être positive", pronostique-t-elle, avouant qu'elle n'aurait "sans doute pas fait le test sans cette opération".

Une opération prise en charge à 100% par le budget municipal

"A ce stade, nous avons une centaine de personnes par jour, signe que c'est apprécié par la population", se félicite Jérôme Darques, le maire (divers droite) de Morbecque, qui va tenter de trouver des subventions de l'Etat pour financer cette opération, prise en charge à 100% par le budget municipal à hauteur de 25 euros par test.

Sur le plateau technique, un automate tourne à plein régime pour analyser les tubes, piloté par un système informatique. Pour le test du Covid, il faut environ 30 minutes pour avoir les premiers résultats. Strictement confidentiels, ces derniers sont envoyés au patient dès le lendemain par courrier ou voie électronique.

"3% des personnes testées positives"

 

Sur 320 personnes testées la première semaine, "97% sont négatives, et 3% positives", soit "un faible taux de contamination" selon Laurent Soupison. Les données statistiques, précieuses pour la commune, feront aussi office de "photo, au mois de juin, après la première vague".

Jérôme Darques, lui, s'attend à ce que l'opération se multiplie "comme une traînée de poudre". "Beaucoup de communes vont essayer de savoir", prédit-il, comme Nice qui a lancé mercredi la même opération, à une plus grande échelle.

Toutefois, "pour l'instant, il n'y a aucune certitude sur la capacité d'être immunisé et donc protégé", rappelle Laurent Soupison. C'est pourquoi "les gestes barrières doivent être maintenus pour l'ensemble de la population".