À cause du couvre-feu, le réveillon du Nouvel an ne se fera pas en bord de mer à La Réunion. 1:32
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Charles Luylier, édité par Jonathan Grelier
Cette année, le couvre-feu ne permettra pas aux Réunionnais de célébrer le réveillon du Nouvel an sur les plages de l'ouest de l'île. Certains riverains se félicitent de l'absence de ces fêtes, qui sont traditionnellement sans limites et accusées de bouleverser l'écosystème naturel. D'autres regrettent "la fête en pleine nature".
REPORTAGE

À La Réunion, c'est au milieu du lagon, sur le sable blanc des plages de l'ouest de l'île, que 15.000 fêtards s'agglutinent en temps normal chaque 31 décembre pour célébrer le réveillon du Nouvel an. Conséquence de cette soirée : quatre tonnes de déchets collectés dans la foulée en moyenne. Pour les riverains, l'annulation de ce réveillon cette année à cause du Covid-19 sonne donc comme une bénédiction. "C'est tellement dégoûtant" d'habitude, raconte ainsi Danielle, une habitante, dimanche sur Europe 1. Chaque année, ce sont "des mégots de cigarettes, des capotes, des slips" qui sont retrouvés, rapporte-t-elle. "Je pense que les gens osent 'faire leur cinéma' au bord du lagon devant tout le monde. Comment voulez vous faire un 31 avec des gens qui sont sales ?"

"Il y a des gens qui font l'amour sur la plage. Tant mieux pour eux !"

Sandrine, elle, ne fêtera pas le Nouvel an sur la plage pour la première fois depuis très longtemps. Et elle ne comprend pas les critiques : "On sait qu'il y a des gens qui font l'amour sur la plage. Tant mieux pour eux ! C'était vraiment la fête en pleine nature..."

Problème : ces rassemblements répétés sont accusés de contribuer à l'érosion du lagon. En l'espace de 50 ans, la plage s'est réduite de 18 mètres. Karl Bellon, qui milite pour la sauvegarde du bord de mer, souhaiterait qu'il n'y ait plus de soirée du Nouvel an ici, avec ou sans Covid-19. "Quand vous mettez 10.000 personnes dans le lagon, à une période où les coraux ont besoin de temps, c'est évident que vous faites énormément de mal au lagon", estime-t-il. "Pendant une soirée, on ne peut pas se permettre de détruire tout ce que la nature prend le temps de faire sur un an."

L'absence de fêtards facilitera aussi le travail des pompiers. L'année dernière, les quelque 10.000 véhicules massés près des habitations ont retardé leur intervention chez une personne âgée victime d'un grave malaise.