En cuisine, leur handicap n'en est pas un : le Café Joyeux pose ses cuisines à l'Élysée

Yann Bucaille Lanrezac, co-fondateur du Café Joyeux
Yann Bucaille Lanrezac, co-fondateur du Café Joyeux, était dans la matinale d'Europe 1, mardi, pour annoncer l'ouverture de deux nouveaux restaurants.
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Coline Vazquez
Le Café Joyeux, un réseau de cafés-restaurants qui fait notamment travailler des personnes en situation de handicap, va cuisiner mardi pour l'Elysée. Le co-fondateur Yann Bucaille Lanrezac était l'invité de Matthieu Belliard. 
INTERVIEW

Des plats faits maison servis par "des personnes extraordinaires". C'est du moins ce que propose la carte du Café Joyeux dont le co-fondateur Yann Bucaille Lanrezac était l'invité de Matthieu Belliard mardi matin sur Europe 1. Alors que se tient ce même jour la Conférence nationale du handicap à l'Élysée, l'entrepreneur et son équipe poseront ce même jour leur cuisine à l'Élysée. À l'antenne d'Europe 1, Yann Bucaille Lanrezac en a profité pour annoncer l'ouverture de deux nouveaux Cafés joyeux : l'un à Bordeaux le 2 mars et l'autre à Paris, une semaine plus tard, dans un lieu encore tenu secret. Deux établissements qui s'ajoutent aux deux déjà existants, à Paris et à Rennes. "On va passer à 50 équipés joyeux" en tout, s'est-il réjoui.

Un déclic en 2014

"Ce sont des cafés restaurants où tout est cuisiné sur place avec des produits frais. C'est beau, la décoration est soignée. On veut vraiment que ça soit des endroits conviviaux en plein cœur de ville", a détaillé le fondateur. Au service et en cuisine : des personnes porteuses d'un handicap mental et d'autisme. Mais "avant tout des personnes extraordinaires", a assuré celui qui est engagé depuis 2012 avec sa compagne Lydwine Bucaille Lanrezac dans cette cause. 

Le couple organisait déjà à l'époque des sorties en Catamaran. Des ballades en mer destinées à "toutes les personnes en souffrance : malades, handicapées ou exclues", explique-t-il. Et c'est au cours de l'une de ces excursions, en 2014, que le couple a eu le déclic : "Un garçon, qui s'appelle Théo, nous a interpellé pendant une navigation. Il m'a dit : 'Capitaine, il paraît que tu es patron. Est-ce que tu n'aurais pas un métier pour moi ?' Il était tout joyeux et quand je lui ai dit 'non', il s'est mis en colère, il est devenu triste et m'a dit répondu : 'Ce n'est pas juste. Je sais que je suis handicapé, mais je peux être utile. Je veux travailler"', se remémore Yann Bucaille Lanrezac. 

"Si on n'arrive pas à l’équilibre financier se serait un échec"

De là est née l'envie "d'aller au-delà". De ne plus "faire quelque chose pour eux, mais avec eux", explique celui qui dit être désormais "dans un acte d'entrepreneuriat". Un nouveau projet qui implique d'autres impératifs, notamment celui de la rentabilité. Et Yann Bucaille Lanrezac en est conscient : ses cafés doivent faire du chiffre s'ils veulent perdurer. "On ne veut pas avoir un regard condescendant sur nos équipés joyeux mais montrer qu'ils sont créateurs, qu'ils ont de la valeur. Si on n'arrive pas à l’équilibre financier, ce serait un échec pour eux. On est là pour assurer un chiffre et la réponse est oui ça fonctionne à Rennes, on arrive à un équilibre".

Et la présence du Café Joyeux dans la cour de l'Élysée pourrait apporter au concept un bon coup de projecteur. Yann Bucaille Lanrezac se réjouit de cette invitation pour laquelle il a tenu à remercier le président ! "Il a eu le courage de nous inviter pendant un moment important. C'est une date nationale pour le handicap et on est très fiers". S'il se félicite du travail accompli par le gouvernement, en particulier la secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel, il appelle à poursuivre l'effort mené : "Permettons à ces personnes d'être dans les écoles, les entreprises", s'exclame-t-il concédant que même si des avancées ont été permises, "il y a encore du boulot".