La question du manque d’attractivité pour le poste de professeur de mathématiques se pose plus que jamais. 1:35
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Louise Sallé
Le nombre d’admissibles au Capes de mathématiques - le concours pour devenir enseignant au collège et au lycée et dont les résultats sont tombés cette semaine - est, depuis une dizaine d’années, plus bas que le nombre de postes à pourvoir. Pour la rentrée prochaine, il manque près de 200 recrues, alors qu’une heure et demie de maths sera rajoutée en plus dans le tronc commun du programme de première.

La question du manque d’attractivité pour le poste de professeur de mathématiques se pose plus que jamais : le métier ne fait plus rêver. Les étudiants désertent de plus en plus le Capes de mathématiques, le concours pour devenir professeur au collège et au lycée. Le nombre d’admissibles, dont les résultats sont tombés cette semaine, est plus bas que le nombre de postes à pourvoir. Il manque ainsi près de 200 professeurs cette année.

Ce schéma est néanmoins récurrent depuis 2010 et la réforme du concours de recrutement, lorsque le Capes n’est devenu accessible qu’après un master 2. Comment, donc, remédier à cette pénurie de professeurs, alors que des heures de mathématiques seront rajoutées au lycée à la rentrée ?

Enseignant, informaticien, technicien en cybersécurité, ingénieur… Le salaire n’est pas le même

La question de la revalorisation salariale semble inévitable. Être bon en maths, en effet, mène à de nombreux métiers mieux rémunérés que celui d’enseignant. Les salaires en début de carrière devraient ainsi s’aligner sur les autres débouchées, d’après Sébastien Planchenault, président de l’association des professeurs de mathématiques.

"Chaque année, il manque 2.000 futurs techniciens en cybersécurité et 5.000 ingénieurs par an, par rapport au vivier d’étudiants scientifiques actuel", précise-t-il. "C'est donc encore plus difficile de recruter de futurs professeurs de mathématiques, dans ces conditions de mise en concurrence, et aussi parce que les élèves n’ont plus d’appétence en sciences pour être suffisamment nombreux dans ces filières", explique ce professeur de mathématiques au collège et à l’université au sein de l’académie de Versailles.

Recruter à la fin de la licence et rémunérer les étudiants

Par ailleurs, se former au métier de professeur coûte cher. Il faut pouvoir payer cinq ans d’études puisque le Capes n’est accessible qu’après un master 2. Recruter après la licence, pour réaliser ensuite un master en alternance (deux ans de formation théorique et d’enseignement pratique rémunérée en classe), pourrait être une solution. Tout comme rémunérer les étudiants qui préparent le Capes via des bourses. C’est d’ailleurs un système qui a fait ses preuves il y a près d’un demi-siècle et pendant une dizaine d’années jusqu’à la fin des années 1970.

Revaloriser la matière

Pour Isabelle, professeure de mathématiques à Paris, il est nécessaire de revaloriser la matière, délaissée par les programmes. Le peu d’heures enseignées laisse ainsi peu de temps pour accompagner correctement les élèves et les faire progresser.

"Quand j'ai commencé à enseigner, j'avais cinq heures de maths par semaine avec mes troisièmes. Maintenant, je n’ai plus que trois heures et demie", commente-elle. "Ce n'est pas beaucoup, et on travaille avec des classes qui sont plus chargées qu'avant…", regrette-t-elle. "C'est plus difficile. Ce n'est pas le même métier."

Pour la rentrée 2022, le gouvernement ne s'inquiète pas de la pénurie actuelle de professeurs de mathématiques. Les académies paieront des heures supplémentaires aux enseignants disponibles, ou bien recruteront des contractuels.