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avec AFP , modifié à
Le transfert à la prison corse de Borgo d'Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, les deux derniers membres du commando condamnés à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac, a été effectué lundi. C'est une promesse de Matignon après après l'agression mortelle d'Yvan Colonna en détention.

Promis par Matignon après l'agression mortelle d'Yvan Colonna en détention, le transfert à la prison corse de Borgo d'Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, les deux derniers membres du commando condamnés à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac, a été effectué lundi. Les deux prisonniers ont quitté lundi matin la prison centrale de Poissy dans les Yvelines pour embarquer à bord d'un avion à destination de l'aéroport de Bastia-Poretta, ont indiqué plusieurs sources concordantes à l'AFP.

Les deux prisonniers installés dans le "centre de détention historique"

Vers 13 heures, deux hélicoptères se sont posés sur la gendarmerie de Borgo en Haute-Corse, voisine du centre pénitentiaire où un convoi de trois véhicules noirs aux vitres teintées s'est engouffré peu après, sous escorte armée, a constaté un journaliste de l'AFP. "Les détenus sont dans la prison", a confirmé à l'AFP une source proche du dossier. Excepté quelques journalistes, aucun comité d'accueil d'aucune sorte n'était là pour leur arrivée.

Les deux prisonniers seront installés dans des cellules du "centre de détention historique" de la prison, qui compte "deux centres de détention et un quartier maison d'arrêt", a indiqué à l'AFP Maxime Coustié, syndicaliste UFAP à Borgo, en précisant que le personnel n'avait pas été prévenu de ces arrivées. "En centre de détention, ils ont accès à la promenade comme ils veulent, alors qu'en maison d'arrêt, il y a des créneaux", a-t-il expliqué.

La levée de leur statut de "détenus particulièrement signalés"

Ce rapprochement intervient après une série de décisions prises par le Premier ministre, en charge de ce dossier à la place du Garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, celui-ci ayant été l'avocat d'Yvan Colonna. Le 22 mars, Jean Castex avait ainsi annoncé ce transfert "d'ici mi-avril". Ce rapprochement, réclamé de longue date par les deux détenus, a été rendu possible par la levée le 11 mars par Jean Castex de leur statut de "détenus particulièrement signalés" (DPS).

Cette décision avait été prise dans un contexte de vives tensions en Corse, après l'agression d'Yvan Colonna à la maison centrale d'Arles dans les Bouches-du-Rhône, le 2 mars, agression dont il est décédé le 21 mars. L'ancien berger de Cargèse, mort à 61 ans, avait également été condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac. Et lui aussi réclamait de longue date son rapprochement dans l'île. Beaucoup estiment que son agression n'aurait pas eu lieu s'il avait été détenu en Corse.

Le rapprochement conditionné au retour au calme sur l'île

Venu mi-mars dans l'île pour tenter d'apaiser une situation tendue, après deux semaines de colère et de manifestations virant aux émeutes, avec pour slogan principal "Etat français assassin", le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait conditionné le rapprochement d'Alain Ferrandi et Pierre Alessandri à un retour au calme sur l'île.

Pierre Alessandri, 63 ans, et Alain Ferrandi, 62 ans, arrêtés en 1999, ont été condamnés en 2003 à la réclusion criminelle à perpétuité pour leur participation à l'assassinat du préfet Claude Erignac le 6 février 1998, à Ajaccio. Ils purgeaient leur peine à la maison centrale de Poissy (Yvelines). Leurs demandes de rapprochement avaient toutes été refusées, la Corse, qui compte trois établissements pénitentiaires, à Borgo, Casabianda et Ajaccio, n'accueillant aucune maison centrale, le seul type de structures habilitées à accueillir des DPS.

Deux demandes d'aménagement de peines

Alain Ferrandi attend maintenant le 21 avril la décision de la cour d'appel de Paris sur sa demande d'aménagement de peine sous un régime de semi-liberté. Cette demande, acceptée le 24 février en première instance, avait fait l'objet d'un appel suspensif du parquet national antiterroriste.

Pierre Alessandri devra lui attendre le 12 mai pour connaître la décision du tribunal d'application des peines antiterroriste concernant sa demande d'aménagement, également sous le régime de semi-liberté. Pour les deux détenus, cet aménagement de peine demandé prévoit qu'ils travaillent à l'extérieur durant la journée et dorment au centre pénitentiaire de Borgo le soir. En décembre, une quinzaine de parlementaires de plusieurs groupes politiques avaient signé une tribune dans le quotidien Le Monde pour demander que ces trois prisonniers puissent purger le reste de leur peine dans une prison corse.