prison d'Arles 1:15
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avec AFP , modifié à
Le militant indépendantiste corse Yvan Colonna, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, se trouvait mercredi entre la vie et la mort après son agression, dans la prison d'Arles par un codétenu condamné pour terrorisme. Il a été transféré d'Arles vers un hôpital de Marseille.

Yvan Colonna, condamné à la réclusion à perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac, a été grièvement blessé mercredi par un détenu de la prison d'Arles et son pronostic vital est engagé, a-t-on appris de source policière confirmant une information de BFMTV. Les faits se sont déroulés dans la matinée alors qu'il faisait de la musculation, seul, dans une salle de l'établissement, lorsqu'un détenu, pour des raisons encore inconnues, l'a agressé, a détaillé le procureur de Tarascon, Laurent Gumbau. Il a été transféré d'Arles vers un hôpital de Marseille.

Colonna dans un coma post-anoxique

Yvan Colonna a été victime "d'une strangulation à main nue, puis d'un étouffement", a-t-il ajouté. Son agresseur a mis un "sac" sur sa tête, avait indiqué plus tôt une source proche de l'enquête. Après avoir été hospitalisé à Arles (Bouches-du-Rhône), il a été transféré à Marseille où il était en coma post-anoxique, un type de coma consécutif à une privation d'oxygène dans le cerveau, selon le procureur.

"L'agresseur supposé, lui-même détenu, assurait un service d'entretien en qualité d'auxiliaire d'étage au moment des faits", a-t-il précisé. Il a été placé en garde à vue par la police judiciaire qui mène l'enquête pour "tentative d'assassinat". L'homme purgeait une peine de neuf années d'emprisonnement du chef d"'association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte de terrorisme". Selon deux sources proches du dossier, il s'agit de Franck Elong Abé, un "jihadiste" camerounais de 36 ans, interpellé en Afghanistan en 2012 par les Américains avant d'être remis à la France en 2014.

L'État porte "une responsabilité accablante", juge Simeoni

Un des avocats d'Yvan Colonna, Me Sylvain Cormier, a jugé "ahurissant" qu'alors que son client "est l'un des détenus les plus surveillés de France de par son statut (...) qui l'empêche d'être rapproché de ses proches en Corse, l'administration pénitentiaire se soit révélée incapable d'assurer sa protection élémentaire". "L'État était juridiquement responsable de la sécurité d'Yvan Colonna. S'il décède, l'administration pénitentiaire et l'ensemble de la hiérarchie politique dont elle dépend devra en rendre des comptes à sa famille", a estimé sa famille dans un communiqué à l'AFP.

Le président du conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni a estimé que l'État porte "une responsabilité accablante" dans cette agression, lors d'un rassemblement mercredi soir à Ajaccio qui a rassemblé plusieurs centaines de personnes, comme à Bastia et Corte. Le ministère de la Justice a annoncé la saisie de l'inspection générale de la justice "pour faire toute la lumière sur les conditions de cette agression d'une particulière gravité" dans une prison qui accueille des détenus purgeant de longues peines ou présentant des risques.

Emprisonné à Arles, Yvan Colonna, qui s'est marié en prison et a eu un second fils en détention, avait présenté plusieurs demandes de rapprochement vers la Corse, toutes refusées. Aujourd'hui âgé de 61 ans, le berger et militant indépendantiste avait été interpellé en juillet 2003 pour l'assassinat du préfet Claude Erignac, après quatre ans de cavale dans le maquis corse. Il a toujours nié les faits. Le 6 février 1998, Claude Erignac avait été abattu dans une rue d'Ajaccio, alors qu'il se rendait à pied au théâtre.