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Justin Morin, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Cinq ans après les attentats au cœur de la rédaction de "Charlie Hebdo", Europe 1 a rencontré deux "nouvelles recrues" du journal. Elles ont intégré la rédaction après ce drame qui a secoué toute la France et ont pris le relais de ceux tombés sous les balles. Aujourd'hui, elles sont honorées de faire vivre le journal par leur travail, mais gardent les attentats à l'esprit. 
TÉMOIGNAGE

C'était il y a cinq ans, le 7 janvier 2015, des terroristes font irruption dans la rédaction de Charlie Hebdo et tuent 11 personnes, dont les âmes du journal satirique, Cabu, Charb, Wolinski et Tignous. Cinq ans après le drame, une toute nouvelle génération de journalistes et de dessinateurs ont pris le relais dans cette rédaction si particulière. Pour certains d'entre eux, l'attentat a été un véritable déclic dans leur choix de carrière.

Parmi ces "nouveaux", Laure Daussy, qui intègre la rédaction seulement trois mois après les faits. "Quand on m'a dit 'ok' pour ma première pige, je n'en revenais pas.", confie-t-elle au micro d'Europe 1.

Cette pige, c'est un article sur le sexisme dans l'urbanisation intitulé "Le sexe des villes à deux boules", un titre trouvé par les anciens que la jeune journaliste n'aurait jamais osé écrire. "J'étais extrêmement honorée de travailler pour dire à ceux qui ont voulu faire taire Charlie Hebdo que des personnes veulent continuer à écrire pour ce journal. Je me dis toujours qu'il y a des gens qui ont vécu des choses dans leur chair que l'on ne peut pas comprendre, et qui continuent. Il faut au moins être à la hauteur de ça."

Portes blindées, policiers, et insultes

Malgré les portes blindées pour entrer dans la rédaction, malgré les policiers qui assurent la protection du personnel du journal, malgré tous ces éléments qui peuvent faire peur, Natacha Devanda a choisi de prendre en charge le site internet du journal il y a six mois. "Je me souviens que j'ai entendu un jour Riss dire qu'il avait du mal à recruter des nouveaux, parce que personne ne voulait venir, alors que moi, j'avais fait un peu de forcing [pour intégrer l'équipe].", indique-t-elle.

Pourtant, être journaliste pour Charlie Hebdo n'est pas sans risque, et si Natacha est "fière et honorée" de faire partie de cette rédaction, elle ne cache pas l'avoir "un peu dans un coin de [sa] tête". Mais "on peut aussi se faire écraser dans la rue", argumente-t-elle au micro d'Europe 1. "Je ne pense pas que cela soit plus risqué que de simplement vivre."