Amitié, solidarité, Pixabay / Creative Commons 1280 6:33
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Grégoire Duhourcau
Caroline a confié à Olivier Delacroix sur Europe 1, avoir été "détruite" par une histoire d'amitié qui s'est mal terminée. "Ça nous change, ça nous transforme", décrit-elle.
VOS EXPÉRIENCES DE VIE

Caroline, 36 ans, faisait de l'équitation dans un centre équestre avec une dizaine d'amis. Elle a perdu l'équivalent de 3.000 euros de matériel lorsque l'écurie, qui n'était pas assurée, a été vandalisée. Lorsque cet événement est intervenu, elle a été très déçue par l'attitude de ses amis. "C'est une passion que l'on vit en groupe et cette histoire, du jour au lendemain, elle vous casse", confie-t-elle à Olivier Delacroix sur Europe 1.

"Je me suis fait dérober 3.000 euros de matériel et les locaux de l'établissement où j'étais n'étaient pas assurés. Donc, je me suis assise sur la perte de mon matériel. J'étais cliente avant d'être amie et dans une structure comme celle-ci, on devient souvent ami avec les patrons. On y passe du temps, du coup on s'est fait tout un groupe d'amis. On était amis depuis une dizaine d'années. C'est un peu un mélange de professionnel et d'amitié. Là, le côté professionnel aurait dû ressortir par rapport à l'assurance, pour éventuellement se faire rembourser cette perte, mais il n'y avait plus personne.

Pour l'assurance, ça arrive. J'aurais été au courant, je l'aurais peut-être un peu moins mal vécu. Après, c'est plus le fait de se dire que l'on a fait plein de choses ensemble, on a fait plein de choses pour eux, comme donner un coup de main pour des travaux. Cela leur a forcément fait économiser de l'argent mais on ne l'a pas fait dans ce but-là. On l'a fait parce qu'on est comme ça, on aime donner des coups de main, on aime être là quand on a besoin de nous. Et le jour où il y a un coup dur comme ça, il n'y a plus personne. On vous dit : 'C'est comme ça. Si tu n'es pas contente, tu t'en vas.'

 

>> De 15h à 16h, partagez vos expériences de vie avec Olivier Delacroix sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

"Du jour au lendemain, cette histoire vous casse"

Mon mari m'avait souvent mise en garde [contre les amitiés toxiques]. Peut-être que je suis trop naïve mais oui, avec le recul, on se dit que c'était peut-être par intérêt. Même si c'était par intérêt, je ne leur en veux pas parce que je suis comme ça. Quand je donne mon amitié, je la donne à fond. Cette histoire m'a détruite. C'est une passion que l'on vit en groupe et cette histoire, du jour au lendemain, elle vous casse.

Depuis, j'ai changé de centre équestre. Ce qui est difficile, c'est de retrouver sa place parce qu'en fait, on fait un pas en avant puis on en fait dix en arrière. Ça nous change, ça nous transforme. J'avais un tellement grand cœur que, limite, ça m'a rendue méchante dans ma façon de penser. Il y avait une rage, une colère.

Je me suis fait aider parce que j'en ai eu besoin. Dans la foulée, j'ai perdu ma grand-mère donc ça ne m'a pas aidée non plus. Je me suis fait aider par de la médecine alternative parce que je sentais que j'en avais besoin. Ça m'a beaucoup aidée. Maintenant, c'est derrière moi mais je suis toujours sensible quand j'en parle. Quand on dit que les amis se comptent sur les doigts d'une main, je pense que c'est une réalité. Je pense qu'il ne faut pas s'accrocher à en avoir tant que ça et qu'au bout du compte, il n'y a jamais personne quand on a besoin."

L'avis de Saverio Tomasella, psychanalyste et autour du livre Ces amitiés qui nous transforment :

"C'est l'une des choses que j'ai découvertes en faisant l'enquête avant d'écrire le livre. Tout le monde, hommes et femmes, garçons et filles, parle de l'amitié dans des termes qui sont les mêmes que pour une relation amoureuse, avec la même force, la même profondeur, la même intensité. La seule chose qui change entre une amitié et une relation amoureuse, c'est qu'il n'y a pas de relation sexuelle et il n'y a pas d'enfant ensemble.

Il y a des personnes qui vont être extrêmement fusionnelles, qui vont avoir tout le temps besoin de l'autre ou d'avoir des nouvelles de l'autre. Ça peut devenir envahissant, ça peut devenir étouffant. La personne moins fusionnelle dans l'amitié va se sentir envahie, va sentir comme un empiétement et finalement ça va finir par la lasser. Ça, ce n'est pas forcément une toxicité grave. En revanche, il y a de fausses amitiés, qui se font passer pour des amitiés encore plus vraies que nature, où il va y avoir de l'emprise, de la manipulation et là, vraiment, on est dans des configurations qui sont toxiques avec parfois de la perversion ou du vampirisme énergétique et où l'un des deux va vraiment utiliser l'autre en se faisant passer pour le ou la meilleur(e) ami(e) mais en fait, ce n'est pas de l'amitié."