Le secteur de la petite enfance vent debout contre un arrêté permettant de recruter des non-diplômés
Le collectif "Pas de bébés à la consigne" a appelé les professionnels de la petite enfance à se mettre en grève ce jeudi pour dénoncer la pénurie de professionnels qualifiés et le récent arrêté autorisant le recrutement de non diplômés. À Paris, une manifestation est partie à 10 heures de la place des Droits de l'Enfant. Europe 1 était sur place.
Le collectif "Pas de bébés à la consigne" appelle les professionnels de la petite enfance à se mettre en grève jeudi pour dénoncer la pénurie de professionnels qualifiés et le récent arrêté autorisant le recrutement de non diplômés. Des rassemblements et manifestations sont prévus dans une soixantaine de villes en France, d'après le collectif, qui rassemble une cinquantaine d'organisations syndicales et d'associations représentant le monde de la petite enfance.
"On ne fait pas n'importe quoi avec les enfants"
À Paris, une manifestation est partie à 10 heures de la place des Droits de l'Enfant pour se diriger vers le ministère des Solidarités, avenue Duquesne. "Avec la réforme qui est passée par l'arrêté, n'importe qui peut venir travailler en crèche au bout de 120 heures de formation effectuées par nous les professionnels. En plus de s'occuper des enfants, on devra former des professionnels, des futurs professionnels", lance Sylvie, auxiliaire puéricultrice depuis 10 ans, présente dans la manifestation.
"Ça peut porter préjudice à l'enfant, ça peut être dangereux. Au bout de ces 120 heures, ils peuvent rester seuls avec les enfants, ce qui n'est pas normal. Ce ne sont pas nos enfants, on ne fait pas n'importe quoi avec les enfants", s'exclame-t-elle.
Revalorisation des salaires et retrait de l'arrêté exigés
"Nous exigeons des mesures immédiates contre la pénurie de professionnels", dont "des revalorisations des salaires" et "l'augmentation immédiate et massive des places en centres de formation pour les métiers de la petite enfance", écrit le collectif dans un communiqué.
Il exige également le retrait d'un arrêté paru à l'été permettant de recruter plus facilement des salariés non diplômés et de les former en interne pour faire face à la pénurie de personnels dans les crèches .
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Ce texte "c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase", commente Julie Marty Pichon, représentante du collectif "Pas de bébés à la consigne". "Il dit que nos métiers ne valent rien, qu'il n'y a pas besoin de compétences", ajoute-t-elle en dénonçant le "mépris" du gouvernement.
Le collectif met en avant également une vingtaine de propositions pour améliorer les conditions d'accueil en crèche qui concerne un âge crucial pour le développement et l'éveil des enfants. Il propose par exemple de garantir la présence d'un professionnel pour encadrer cinq enfants, au lieu de huit actuellement si les enfants sont marcheurs.
Le nombre de places proposées a augmenté sur la dernière décennie
En France, le nombre de places proposées par les établissements d'accueil du jeune enfant a augmenté sur la dernière décennie pour atteindre 471.000 en 2019, la plupart gérés par les municipalités. Mais près de la moitié (48,6%) des établissements déclarent un manque de personnel, selon une enquête réalisée par la caisse nationale d'allocations familiales et publiée en juillet.