Aveugle et veuf, Francis éprouve des difficultés à faire des rencontres

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Gauthier Delomez , modifié à
Francis est un Toulousain de 70 ans qui est aveugle complet depuis l'âge de 10 ans. Dans la libre antenne d'Europe 1, il explique à Sabine Marin qu'il est veuf depuis le décès de sa femme il y a quelques mois. Il lui partage ses difficultés à faire de nouvelles rencontres amoureuses à cause de son âge et de sa cécité.
TÉMOIGNAGE

>> Tous les soirs dans la Libre Antenne d'Europe 1, les auditeurs se confient et témoignent. Une difficulté, une mauvaise passe ou un moment de bonheur, notre Libre antenne est avant tout la vôtre. Au micro de Sabine Marin ce soir-là, Francis, 70 ans, veuf depuis quelques mois, raconte comment il essaie de faire de nouvelles rencontres malgré son handicap : il est aveugle complet depuis ses 10 ans. Le Toulousain, qui a fait des études de kinésithérapie, de psychomotricité et de neuropsychologie, a donné des cours dans des facultés partout en France.

Confronté à l'absence perpétuelle

"J'aime bien dire qu'être aveugle n'est pas un handicap, c'est seulement une autre façon de voir les choses. L'objet de mon appel, c'est que depuis le décès de ma femme, être aveugle et être seul dans une grande maison, on a beau être autonome, être motivé, on est quand même seul face à l'absence et face au fait de ne rien voir de ce qui se passe autour. J'étais très habitué à faire de la marche, à faire des randonnées, des visites de monuments ou des musées avec des audioguides. C'est toute une activité que je ne peux plus faire puisque je n'ai personne pour me conduire en voiture.

À Toulouse, c'est vrai qu'il y a des transports en commun. Mais moi, j'aime bien partir en voyage, dans un hôtel ou un endroit sympa, ou même dans ma maison au fond d'un coin fantastique dans l'Ariège.

Une dépendance pour se déplacer

Ma femme était voyante, et elle aimait conduire. Je me suis beaucoup reposé sur elle pour les déplacements parce que j'ai été amené à faire des cours sur toute la France, dans tous les hôpitaux. Mais pour beaucoup d'autres tâches, je suis totalement indépendant. Avec l'informatique, je peux écrire mes livres. Je sais faire la cuisine, je participe un peu. Il n'y a pas besoin d'y voir pour peler des légumes.

Les personnes que je rencontre se posent la question de la conjonction de l'âge, 70 ans, et de la cécité. Je suis indépendant, je ne cherche pas quelqu'un pour m'assister. Je cherche quelqu'un avec qui je pourrais partager un projet. De quoi l'être humain a-t-il besoin ? Il a besoin de bienveillance, de tendresse, de constructions complémentaires.

À la recherche d'une relation amoureuse

Je préférerais que ce soit une histoire d'amour, mais il faut qu'il y ait de la tendresse. Je ne veux pas que ce soit juste une soirée, pour se faire plaisir. J'ai quelques craintes sur l'amour et l'amitié. Je ne crois pas que ce soit pleinement ressourçant. Je veux des sentiments amoureux parce que je pense que ça remplit la vie. Mais, je suis conscient que cela ne se fait pas en une fois. Ça peut être un partage de choses qu'on aime ensemble, d'activités, et puis peu à peu une construction harmonieuse.

Dans ma recherche actuelle, ce n'est pas pour soigner des gens. Soigner quelqu'un et en prendre soin, ce n'est pas pareil. J'aimerais qu'on prenne soin de mon cœur, c'est indéniable, parce qu'il me semble, actuellement, que la solitude morale est beaucoup plus lourde que le handicap visuel."