Enfant prématuré, Daniel se demande si sa naissance est la cause de son oppression

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Gauthier Delomez
A 49 ans, Daniel s'interroge sur sa naissance. Enfant prématuré de "six mois et un quart", l'auditeur se confie sur la libre antenne d'Europe 1 et raconte qu'il ressent parfois un manque affectif, voire une oppression. Au micro de Sabine Marin, hypnologue, il cherche à trouver des réponses.
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>> Tous les soirs dans la Libre Antenne d'Europe 1, les auditeurs se confient et témoignent. Une difficulté, une mauvaise passe ou un moment de bonheur, notre Libre antenne est avant tout la vôtre. Au micro de Sabine Marin, Daniel, 49 ans, explique qu'il ressent parfois un manque affectif et se sent oppressé. Il se demande si ce sentiment peut être dû à sa naissance en tant qu'enfant prématuré.

"Le raccourci paraît hasardeux", estime Sabine Marin

"J'étais prématuré de six mois et un quart, donc on m'a mis dans une couveuse. Quand un enfant est prématuré, est-ce que des années après, cela peut exprimer des fois qu'on se sent oppressé ou qu'on ressent un manque affectif ?", demande Daniel sur la libre antenne d'Europe 1.

"Le raccourci me parait hasardeux", répond Sabine Marin, qui est hypnologue. "Certaines études ont effectivement tendance à démontrer que la manière dont on arrive au monde nous marque et peut avoir des répercussions sur notre caractère, notre façon de fonctionner. Par exemple, beaucoup d'adolescents qui font des sports extrêmes ou d'adultes qui ont besoin d'adrénaline tout le temps sont des bébés nés avec le cordon autour du cou. Ils ont besoin de retrouver l'ivresse du manque d'oxygène".

Sabine Marin de poursuivre : "Beaucoup d'enfants nés au forceps sont des ados, des adultes qui ont une forte personnalité, pour ne pas dire un fichu caractère. La prématurité n'a pas forcément de détermination comme ça. En revanche, on parle aussi du syndrome du jumeau perdu. Quelques fois, la maman est enceinte de deux enfants, elle ne le sait pas, et il y en a un des deux qui ne reste pas. Il peut y avoir ce sentiment de vide, de manque qu'on n'arrive pas à expliquer."

Un manque affectif également perçu par sa mère

Daniel souligne cette explication comme étant "intéressante", en précisant qu'il est le dernier né de ses quatre frères, et s'interroge sur l'enfance de sa mère, elle aussi atteinte du même manque que lui. "Ma mère a été élevée, non pas par sa mère parce qu'elle morte de tuberculose quand elle avait 1 an et demi, mais par sa tante. Cela peut expliquer aussi que ma mère ressent le même manque que je ressens. La différence, c'est que quand j'ai été mis en couveuse, j'ai été séparé un petit peu de ma mère."

Il est possible que Daniel ait imprimé le manque de sa mère quand il était petit, "comme si c'était très fusionnel car on est très fusionnel", explique-t-il. "Le fait d'avoir été séparé à la naissance peut créer la blessure d'abandon, parce qu'on a le sentiment d'avoir été abandonné", affirme Sabine Marin.

"Extirpé trop tôt", Daniel a pu ressentir une insécurité

"Ce n'est pas facile à expliquer", ajoute Daniel. "C'est un sentiment que j'ai ressenti il y a quelques jours, d'oppression ou de manque, et cela peut être lié à l'après-maturation", concède l'auditeur. Toutefois, il n'y a pas de moment en particulier où Daniel ressent ce manque. Sabine Marin expose à l'auditeur qu'il "a été extirpé trop tôt. Donc, il y a une grosse insécurité qui s'installe à ce moment-là. Vous êtes sortis d'un cocon sécuritaire pour être dans un monde froid et glacial, et loin de maman en plus".

"Oui, c'est rentré dans l'inconscient, et même dans le subconscient", acquiesce Daniel, appréciant les réponses de Sabine Marin. "J'ai un frère qui était aussi prématuré, mais de moins de mois que moi. Donc lui ne l'a pas autant senti. Moi, je sais que c'était six mois et un quart (...). Dans les années 1960-1970, c'était le tout début des couveuses. Cela peut expliquer aussi ça parce que c'était difficile d'être arraché de sa mère".

Une situation de précarité sociale

Racontant plusieurs mauvaises expériences de sa vie passée, comme un mariage blanc, et le fait qu'il n'a pas réussi à construire une vie de famille, Daniel explique que sa mère lui donne du travail en attendant qu'il trouve autre chose. Ce qui fait dire à Sabine Marin que le cordon n'est pas vraiment coupé entre lui et sa maman. "C'est aussi ma mère qui m'aide. J'ai coupé un peu (le cordon) parce que je suis parti, mais j'ai une situation de précarité au niveau social. C'est peut-être ça aussi", avance Daniel.