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Quelque 1.000 tracteurs sont arrivés à Paris mercredi. Les agriculteurs se mobilisent et comptent organiser des opérations de blocage dans la capitale et à Lyon. Ils protestent, entre autres, contre la loi Egalim, la stigmatisation des agriculteurs mais aussi contre les traités internationaux de libéralisation. 
TÉMOIGNAGE

Les agriculteurs sont en colère et prévoient de manifester en tracteurs dans toute la France mercredi, avec des opérations de blocage prévues à Paris et Lyon, pour faire monter la pression sur des négociations commerciales avec la grande distribution. La loi dite Egalim, issue des Etats généraux de l'alimentation et mise en place en début d'année, était censée ramener du revenu dans les cours des fermes en rééquilibrant les relations commerciales, mais jusqu'ici les agriculteurs disent ne pas vraiment voir de différence. Plus de 1.000 tracteurs venus des régions Hauts-de-France, Normandie, Ile-de-France, Grand-Est, Centre-Val-de-Loire et Bourgogne-Franche-Comté sont arrivés sur l'avenue Foch à Paris. Parmi eux, Régis Desrumaux, éleveur laitier dans l'Oise. Au volant de son tracteur, il est en route pour la capitale.

"Nous voulons aller à la rencontre d'Emmanuel Macron, affirme l'éleveur au micro d'Europe 1. "Depuis quelques mois, nous avons fait des actions 'soft', des péages gratuits, de la communication mais nous ne sommes toujours pas écoutés. Aujourd'hui, on y va pour taper du poing sur la table !"

"Nos revenus s'effritent"

"Nos revenus s'effritent : les charges augmentent mais nos prix n'ont pas bougé", désespère Régis Desrumaux. "Un kilogramme de viande aujourd'hui est vendu le même prix qu'il y a trente ans. Le blé et le lait, pareil, alors que les commerçants, les industries n'ont pas les mêmes prix." Il pointe du doigt la loi Egalim. "On y a cru énormément mais c'est un éléphant qui a accouché d'une souris. Nous avons peu de retours sur nos exploitations."

Parmi les revendications, les agriculteurs en route pour Paris dénoncent également la stigmatisation dont ils pensent faire l'objet. Notamment sur les pratiques de certains éleveurs comme les traitements anti-pesticides. "Avec les élections municipales qui approchent, c'est devenu un sport national de mettre en place des arrêtés", s'agace l'agriculteur. "Mais avant d'être un agriculteur, je suis un père de famille. Je mange ce que je produis. Vous croyez que mes collègues et moi sommes inconscients ? On est formé, et on sait que les Français aiment leur agriculture et leurs agriculteurs." 

"C'est de la non-assistance à personne en danger"

L'éleveur laitier s'adresse directement à Didier Guillaume, ministre de l'Agriculture, évoquant le taux de suicide des agriculteurs. "Il doit faire passer le message auprès du président de la République : c'est de la non-assistance à personne en danger."

Les agriculteurs se mobilisent aussi contre différents traités commerciaux internationaux de libéralisation. "C'est inadmissible de ne pas répondre à une profession, se révolte Régis Desrumaux. On nous impose des choses, on fait entrer des produits étrangers. On se bouge aussi pour l'assiette de tous les Français !"