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Après l'attentat de Nice, qui a fait trois morts, de nombreux responsables politiques prônent une réponse extrêmement ferme face à l'islamisation. La spécialiste du terrorisme Anne Giudicelli appelle au contraire sur Europe 1 à ne pas "perdre un peu de notre âme en termes d'état de droit".
ANALYSE

L'attentat de Nice, perpétré jeudi dans la basilique Notre-Dame de l'Assomption, a poussé une large partie de la classe politique à demander un renforcement de la loi pour lutter contre le terrorisme. Chez Les Républicains et au Rassemblement national, les discours martiaux se multiplient, appelant notamment à s'affranchir de l'état de droit dans ce contexte de menace extrêmement forte. Ces positions ne seraient pas les plus pertinentes pour lutter contre le terrorisme, selon Anne Giudicelli, spécialiste du monde arabe et fondatrice de l'agence Terr(o)risc, invitée d'Europe 1 vendredi matin.

Risque de recul démocratique

Peu après l'attentat, le maire de Nice, Christian Estrosi, a déclaré qu'"il était temps maintenant que la France s'exonère des lois de la paix pour anéantir définitivement l'islamo-fascisme de notre territoire". Pour Anne Giudicelli, "on risque de contribuer à parvenir aux fins de ceux qui nous attaquent en justement non seulement divisant la société, mais en perdant un peu de notre âme en termes d'état de droit et de liberté" avec ces appels à une justice d'exception.

"Au départ, il s'agit bien de liberté d'expression avec la republication des caricatures, on est donc dans un cadre d'un État de droit et d'une République", poursuit la spécialiste. "Pourquoi ne pas plutôt renforcer nos valeurs par une approche pragmatique, plutôt que d'hystériser encore et de lever un verrou supplémentaire, qui est celui de reculer devant ces attaques par un recul sur notre système démocratique ?"

Apaisement avec les communautés religieuses

Au lieu de muscler la réponse face à certains pays du monde arabo-musulman qui s'en prennent à la France pour la republication des caricatures du prophète, comme la Turquie, Anne Giudicelli préconise un dialogue plus constructif : "Notre grandeur serait d'essayer d'apaiser la situation avec les communautés religieuses diverses et variées, avec une vraie pédagogie diplomatique", estime-t-elle, favorable à l'objectif d'"atténuer les séquelles laissées par les différentes actions et propos tenus ici, qui ont été encore une fois mal compris ou instrumentalisés là-bas".

Enfin, la fondatrice de Terr(o)risc appelle à un changement dans l'attitude des différents responsables politiques à propos des attentats : "Ce sont des criminels instrumentalisés eux-mêmes (qui sont responsables de) l'atrocité de cette violence quand elle s'exprime sur notre sol. Ce ne sont pas des musulmans qui frappent. C'est ce qu'il faut marteler en France et à l'international."