Attaque à Paris : l'ancien quartier de "Charlie Hebdo" était-il insuffisamment protégé ?
L'attaque au hachoir à Paris, qui a fait deux blessés vendredi devant les anciens locaux de Charlie Hebdo à Paris, est un "acte de terrorisme islamiste", a expliqué Gérald Darmanin. Le ministre de l'Intérieur a aussi reconnu que la menace avait été "sous-évaluée", alors que les procès des attentats de Janvier 2015 ont débuté il y a quelques jours.
Vendredi, cinq ans après les attentats qui ont meurtri la France en janvier 2015, deux personnes ont été blessées lors d'une attaque à l’arme blanche à quelques pas des anciens locaux de Charlie Hebdo , à Paris. Le principal suspect a été interpellé en début d'après-midi, avec un probable complice. Le parquet national antiterroriste a annoncé être saisi d'une enquête pour "tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste".
>> À LIRE AUSSI - Que sait-on de l'attaque à l'arme blanche près des anciens locaux de "Charlie Hebdo" ?
Le spectre d'Al-Qaïda est réapparu
Depuis que l'hebdomadaire a republié les caricatures de Mahomet, juste avant le procès de la tuerie de janvier 2015 , les signaux d'alerte se sont multipliés dans les services de renseignement. Au point que la protection rapprochée des membres de journal a été fortement renforcée. Il y a quinze jours, c'est le spectre d'Al-Qaïda qui est réapparu : dans deux publications, le groupe terroriste a ouvertement appelé à commettre de nouvelles attaques, et dans la foulée, la directrice des ressources humaines de Charlie Hebdo, Marika Bret, a été exfiltrée de son domicile, en raison de menaces jugées sérieuses .
Après la nouvelle attaque rue Nicolas Appert, les enquêteurs spécialisés de la brigade criminelle vont chercher à savoir si cette propagande a pu pousser l'auteur présumé à passer à l'acte. Sur place, aucun dispositif de sécurité particulier n'était déployé : la rédaction du magazine a déménagé il y a longtemps vers un lieu sécurisé et, hormis cette adresse tristement symbolique, il n'y a plus de cible à protéger.
"Nous avons sous-évalué la menace", reconnaît Darmanin
Néanmoins, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a déclaré avoir demandé au préfet de police de Paris Didier Lallement pourquoi la menace a été "sous-évaluée". La société de production Premières lignes, dont deux de ses salariés, un homme et une femme, ont été gravement blessés vendredi, a elle déploré l'absence de dispositif à l'occasion du procès des attentats de janvier 2015. "Aucun chef d'entreprise de la zone n'a été contacté pour envisager une protection particulière. La préfecture de police dira peut-être que des rondes étaient effectuées, mais cela n'est pas suffisant", déclarait à Libération Luc Hermann, co-dirigeant de la société.