«Arrêtez de tuer toutes nos vaches !» : des centaines d'éleveurs barricadent une ferme en Ariège pour empêcher l’abattage d’un troupeau
Après la découverte d’un seul cas de dermatose nodulaire dans un troupeau de 208 vaches, l’État ordonne l’abattage total, provoquant une vague de colère inédite. Toute une région d’éleveurs se mobilise, érige des barrages et bloque l’accès aux services vétérinaires pour sauver les animaux. Une confrontation directe s’ouvre autour d’un protocole sanitaire jugé "absurde" par la profession.
Depuis ce mercredi 10 décembre 2025, l’émotion est très vive près du village des Bordes-sur-Arise, en Ariège. Un troupeau de 208 vaches doit y être abattu après la détection d’un seul cas avéré de dermatose nodulaire.
Cette maladie virale, proche de la variole, ne se transmet pas à l’homme, mais elle se propage rapidement entre bovins. L’abattage total du troupeau est la règle fixée par la ministre de l’Agriculture, Annie Gennevard. Mais les éleveurs protestent : "Arrêtez de tuer toutes nos vaches !". Autour de cette ferme ariégeoise, des agriculteurs venus de toute la région se mobilisent.
"C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase"
La ferme concernée ressemble désormais à un camp retranché. Dans la nuit du 10 au 11 décembre, des dizaines de tracteurs venus de l’Aveyron, du Gard, de l’Hérault, de la Haute-Garonne et de la Dordogne ont convergé vers l’exploitation.
Près de 500 éleveurs ont installé des barrages avec des troncs d’arbres, creusé des tranchées, avec un objectif : empêcher l’accès aux services vétérinaires chargés d’euthanasier le troupeau. L’intervention pourrait avoir lieu dès 9h ce jeudi 11 décembre.
Clément Bonadei, éleveur à Gaillac, a passé la nuit sur place : "C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Tuer tout un troupeau pour une ou deux vaches malades, c’est non. Et puis il y a de la tristesse, aussi : on est tous attachés à nos bêtes."
3.000 bovins euthanasiés depuis juin 2025
Lorsqu’un cas de dermatose nodulaire, maladie virale contagieuse et mortelle pour les bovins, est détecté, tout le troupeau doit être abattu, avec indemnisation de l’État. Une zone réglementée de 50 km autour de l’exploitation est également mise en place.
Un protocole jugé absurde par les éleveurs, qui proposent une alternative : "Mettre sous cloche un périmètre de 5 km autour de la ferme, surveiller les animaux, effectuer des passages réguliers de vétérinaires pour analyser tous les cheptels.
Et s’il y a des vaches malades, les abattre au cas par cas, mais arrêter l’abattage total", explique Éloi Nespoulos, coprésident de la Coordination rurale 12.
Pour l’instant, le ministère n’a pas répondu. Il propose la vaccination préventive du cheptel français, un problème selon les éleveurs, car les animaux vaccinés se vendent moins bien à l’export. Depuis juin 2025, 3.000 bovins ont été euthanasiés dans plusieurs régions de France.