Pancarte brandie lors de la manifestation parisienne pour demander "justice" pour Sarah Halimi. 1:33
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Diane Berger, édité par Léa Leostic , modifié à
Alors que des voix s’élèvent pour demander une évolution de la loi après les affaires Sarah Halimi et Viry-Châtillon, le Conseil de la magistrature s’est insurgé dimanche contre la "mise en cause" de la justice. Sur Europe 1, Sophie Legrand, secrétaire générale du syndicat de la magistrature, dénonce un affaiblissement de la justice face au pouvoir politique.

Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dimanche en France et notamment à Paris, à l'appel de collectifs citoyens et de représentants de la communauté juive, pour contester l'absence de procès après le meurtre de Sarah Halimi en 2017.Le meurtrier de cette sexagénaire juive a été jugé irresponsable pénalement par la Cour de Cassation. Tout en entérinant le caractère antisémite du crime, la plus haute juridiction judiciaire avait confirmé l'abolition du discernement du meurtrier, pris d'une "bouffée délirante" lors des faits, selon sept experts consultés.

"On se retrouve sans cesse à modifier les lois à la faveur d'une seule affaire"

Cette décision a suscité une vive émotion et une très forte incompréhension au sein d'une partie de la communauté juive française et poussé Emmanuel Macron à réclamer "un changement de la loi". Réaction du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) dimanche qui s'est insurgé contre "la mise en cause" de la justice dans deux affaires "douloureuses", en référence à la contestation de l'arrêt de la Cour de cassation dans le dossier Sarah Halimi et du verdict au procès de Viry-Châtillon

"On se retrouve sans cesse à modifier les lois à la faveur d'une seule affaire qui est certes dramatique et atroce, et ça, on n'en disconvient pas du tout, il est normal que la victime ait vécu cette décision de façon violente. Mais est-ce qu'il faut changer la loi à chaque fois qu'on a un type d'affaire de ce genre ? Je ne sais pas", a réagi dimanche sur Europe 1 Sophie Legrand, secrétaire générale du syndicat de la magistrature.

"Une baisse des équilibres entre les différents pouvoirs"

"Dans l'affaire Sarah Halimi, on parle déjà de revoir totalement le mécanisme sur l'irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental, voire de changer la loi pour ce qui est des troubles mentaux qui seraient occasionnés par une addiction ancienne au cannabis. On a le sentiment qu'on a une baisse des équilibres entre les différents pouvoirs et autorités. Face à une autorité judiciaire faible, le pouvoir politique a un boulevard", a-t-elle poursuivi.

De son côté, le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti a annoncé dimanche la présentation "fin mai" en Conseil des ministres d'un projet de loi visant à "combler" un "vide juridique", après que la Cour de cassation a confirmé l'irresponsabilité pénale du meurtrier de Sarah Halimi, sexagénaire juive tuée en 2017 à Paris. Cette annonce fait à la suite d’une demande du président Emmanuel Macron.