Adama Traoré n'avait pas consommé d'alcool ni de drogue, selon les analyses

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avec AFP
Dans un rapport rédigé deux heures après le décès du jeune homme, un médecin avait pourtant évoqué des informations des services de secours faisant état d'une "toxicomanie" et d'un "éthylisme chronique". 

Selon les dernières analyses toxicologiques, Adama Traoré n'avait pas consommé de drogue ni d'alcool avant l'interpellation au cours de laquelle il a trouvé la mort en juillet dans le Val-d'Oise, a affirmé mercredi l'avocat de sa famille. "Les analyses toxicologiques démontrent une absence de médicaments et de stupéfiants et également une absence d'alcool", a précisé Me Yassine Bouzrou, qui représente la mère et quatre des frères et sœurs du jeune homme qui avait 24 ans. Contacté, le procureur de Pontoise Yves Jannier n'avait pas connaissance de ces résultats. L'enquête est dirigée depuis le 20 juillet - le lendemain du décès - par une juge d'instruction.

Des "poursuites disciplinaires" ? Lors de son arrestation, le jeune homme avait été maintenu au sol sous "le poids des corps" de trois gendarmes, selon une source proche de l'enquête citant les déclarations de l'un des militaires. Cette technique destinée à le maîtriser pourrait, d'après Me Bouzrou, être à l'origine du "syndrome asphyxique" constaté lors des autopsies. Au vu des résultats des analyses toxicologiques, Me Bouzrou dit vouloir intenter des "poursuites disciplinaires" à l'encontre d'un médecin de l'unité médico-judiciaire (UMJ) de l'hôpital de Gonesse.

Dans un rapport rédigé deux heures après le décès du jeune homme, selon Me Bouzrou, ce médecin avait évoqué des informations des services de secours faisant état d'une "toxicomanie" et d'un "éthylisme chronique". "Je pense que c'est une pure invention de l'UMJ" de nature à donner "une image faussée d'Adama Traoré" et de son état de santé, a poursuivi l'avocat. Au nom de la famille, Yassine Bouzrou devait par ailleurs déposer deux plaintes dénonçant l'attitude des forces de l'ordre pendant et après l'arrestation.

Après deux autopsies, les causes du décès restent indéterminées. Fin juillet, le procureur de la République avait indiqué qu'un examen des tissus du coeur d'Adama Traoré avait mis "en évidence un ensemble de lésions compatibles avec une cardo-myopathie hypertrophique". D'autres résultats d'analyses sont attendus.

Amada Traoré n'aurait pas la nationalité malienne. La mort d'Adama Traoré, 24 ans, qualifiée de "bavure" par son entourage, avait entraîné plusieurs nuits de violences dans la petite ville de Beaumont-sur-Oise, d'où il était originaire, et dans les communes voisines. Né en France de parents maliens, Adama Traoré a été enterré dimanche à Kalabancoro, dans la périphérie de Bamako, en présence de plusieurs membres de sa famille, qui réclament l'"implication effective du président" malien Ibrahim Boubacar Keïta.

Mais mercredi, le gouvernement malien a affirmé dans un communiqué qu'"aucun document officiel" n'indique qu'Adama Traoré est de nationalité malienne. "Tous les documents de feu Adama Traoré prouvent qu'il est français, même si sa mère est détentrice d'un passeport malien périmé", est-il indiqué.