Pour le délégué général du conseil français du culte musulman, Abdellah Zekri, le port de la barbe n'a "absolument rien à voir" avec les signes de radicalisation 1:00
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Thomas Vichard
Après les propos de Christophe Castaner sur les signes de la radicalisation, le délégué général du conseil français du culte musulman, Abdellah Zekri, assure sur Europe 1 qu’aucun signe distinctif comme le port de la barbe ne peut laisser présumer d’une radicalisation.

"Un changement de comportement dans l'entourage, le port de la barbe, qu'il fasse la bise ou qu'il ne la fasse plus (...) Est ce que l'individu accepte de faire équipe avec une femme ou pas ? Est ce qu'il a une pratique régulière ou ostentatoire de la prière rituelle ?"... Cinq jours après l'attaque de la préfecture de police de Paris, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner était auditionné mardi par la commission des Lois de l'Assemblée nationale. Le ministre a notamment fait part de sa volonté que chaque signe de radicalisation religieuse fasse désormais l'objet d'un signalement automatique. Et il a listé devant les députés les différents signaux pouvant dénoter selon lui d'une telle radicalisation, y compris "le port de la barbe". Un non sens pour le délégué général du CFCM (Conseil français du culte musulman).

"Il y a des milliers de musulmans, de juifs rabbins, et de Français qui portent la barbe, ce n’est pas parce qu’on porte la barbe qu’on doit être signalé, qu’on est radicalisé, ça n’a absolument rien à voir", critique Abdellah Zekri, mercredi au micro d'Europe 1.

Slon lui, pour repérer les cas comme celui de l’assaillant de la préfecture de police, il aurait fallu notamment faire remonter plus tôt certaines informations, beaucoup plus équivoques, comme lorsque ce fonctionnaire de police s’était réjoui des attaques de Charlie Hebdo en janvier 2015 : "C’est à ce moment-là qu’on aurait dû faire remonter l’information au plus haut niveau et qu’on aurait dû mettre fin à ses fonctions, ça aurait évité que quatre familles soient décimés".

Des contacts avec les autorités ?

Des dialogues avec les autorités existent déjà pour repérer les cas de radicalisation, explique Abdellah Zekri. Les lieux de cultes sont surveillés, les imams sont connus et respectés, des stages ont même été mis en place avec la Sorbonne pour expliquer les lois de la République. "Le vrai problème, ce sont les imams autoproclamés", insiste-t-il. Et de souligner : "Les services de police font un travail excellent. Chaque vendredi, il y a des indicateurs dans les mosquées, des contacts dans tous les départements avec les services de renseignement dans tous les lieux de culte."

Alors pour prévenir, il faut trouver autre chose, détecter d’une autre manière car "ce ne sont pas parce qu’il y a des milliers de convertis qu’ils sont terroristes ou qu’ils n’aiment pas la République".