Un père de famille est sorti de garde à vue vendredi à Clermont-Ferrand, accusé d'avoir proféré des menaces de mort à l'encontre d'un proviseur qui a refusé l'accès au lycée à sa fille portant une abaya. 1:39
  • Copié
avec AFP / Crédit photo : LOIC VENANCE / AFP , modifié à
Un père de famille est sorti de garde à vue vendredi à Clermont-Ferrand, accusé d'avoir proféré des menaces de mort à l'encontre d'un proviseur qui a refusé l'accès au lycée à sa fille portant une abaya, pour lesquelles il devra répondre devant la justice.

L'homme est poursuivi pour "menace en vue d'intimidation d'une personne chargée d'une mission de service public", a précisé à l'AFP la procureure de la République de Clermont-Ferrand, Dominique Puechmaille, confirmant une information du quotidien régional La Montagne.

"Les termes rapportés font état de menace d'égorgement, lui dit qu'il n'a pas tout à fait dit ça", a précisé la magistrate. La garde à vue du père de famille de 44 ans, entamée jeudi, a été levée dans la journée de vendredi. Placé sous contrôle judiciaire avec suivi social, il est convoqué devant le tribunal correctionnel fin octobre, a indiqué la procureure.

"Des menaces qui sont extrêmement choquantes"

Il a par ailleurs interdiction d'entrer en contact avec les victimes et de se présenter aux abords de tout établissement scolaire du Puy-de-Dôme. Jeudi matin, les responsables du lycée Ambroise-Brugière filtraient l'entrée en application des directives nationales concernant l'interdiction de l'abaya. Une lycéenne qui portait le vêtement a été invitée à l'enlever et s'est vu interdire l'accès à l'établissement après son refus, selon la même source.

Un peu plus tard, son père a téléphoné au lycée et a eu tour à tour un agent puis un conseiller principal d'éducation. À chacun d'eux, il aurait proféré des menaces de mort qui visaient le proviseur.

"Ce sont des menaces qui sont extrêmement choquantes. J'ai eu hier le proviseur au téléphone. Je l'ai évidemment assuré de tout mon soutien, de celui du gouvernement, de l'État et plus globalement, je crois, de nos concitoyens face à ces menaces qui sont inadmissibles et inqualifiables", a déclaré le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal lors de l'inauguration d'un nouveau lycée près de Lyon.

Il a indiqué que le proviseur visé bénéficierait d'un "accompagnement constant en matière de sécurité : la police nationale sera à ses côtés", mais aussi d'un accompagnement juridique.

Sécurité renforcée

"Les équipes du lycée qui ont appliqué la loi en refusant l'entrée d'une élève en abaya ont reçu des menaces de mort et de décapitation", a également déploré, à ses côtés, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez. Cela "montre à quel point notre détermination et notre fermeté doivent être sans faille", a-t-il ajouté. Il a précisé avoir déployé dans ce lycée des équipes régionales de sécurité constituées "afin d'assurer la sécurité de l'établissement, des agents, des lycéens". Le 27 août, Gabriel Attal avait annoncé l'interdiction du port de l'abaya dans les écoles, collèges et lycées publics.

Jeudi, le Conseil d'État a validé l'interdiction de cette longue robe couvrante, porteuse selon lui d'une "logique d'affirmation religieuse" prohibée dans les établissements scolaires. Saisi en urgence, le juge a rejeté le recours de l'association Action droits des musulmans (ADM), qui demandait la suspension de cette interdiction au nom d'un risque de discrimination et d'atteinte aux droits. Lundi, quelque 300 élèves, sur les 12 millions ayant fait leur rentrée cette semaine, se sont présentées en abaya devant leur établissement, et 67 d'entre elles ont refusé de la retirer, selon le ministre de l'Éducation.