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Charles Guyard (à Nantes) / Crédits photo : VICTORIA VALDIVIA / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
Face à la concurrence déloyale qu'ils dénoncent depuis plusieurs jours, les agriculteurs ont organisé une opération coup de poing lundi au péage du Bignon au sud de Nantes, où ils ont contrôlé les cargaisons des camions transportant des denrées alimentaires étrangères.

Des poires du Portugal, des tomates et des courgettes d'Espagne, du miel de Roumanie... Dans les étals du marché de Rungis ou dans les rayons de votre supermarché, il est très fréquent de trouver des produits venant du monde entier. C'est l'un des grands chantiers sur lequel Gabriel Attal est particulièrement attendu aujourd'hui pour son discours de politique générale : la concurrence étrangère, souvent qualifiée de déloyale, car elle n'impose pas les mêmes normes.

Pour la dénoncer, les agriculteurs ont organisé une opération coup de poing lundi au péage du Bignon au sud de Nantes, où ils ont contrôlé les cargaisons des camions transportant des denrées alimentaires, notamment un chargement de mozzarella... ukrainienne. 

De la mozzarella ukrainienne pour garnir des pizzas

"Quand on a ouvert le paquet, on a vu du fromage qui vient d'Ukraine." Producteur de lait en Loire-Atlantique, Gaël Drouet tient dans ses bras un carton de mozzarella repéré dans la cargaison d'un camion frigorifique venu de l'agglomération nantaise. Fabriqué en Ukraine donc, ce fromage doit être livré en Charente-Maritime pour garnir des pizzas destinées au marché français. 

À cette aberration écologique s'ajoute la colère de cet éleveur, écœuré d'être laissé de côté par les industriels français. "On est capable de le faire. Les vaches laitières sont à un quart d'heure d'ici. On a une usine en Loire-Atlantique qui fait de la très bonne mozzarella. Il n'y a pas besoin d'aller en Ukraine", lance-t-il.

"On ne joue pas du tout dans la même cour"

Sauf que les transformateurs ne raisonnent pas en termes de proximité, mais de prix. "Ils achètent moins cher en Ukraine, donc ça leur permet d'avoir une marge plus forte que d'acheter du fromage français. Nous, pour concurrencer avec eux, c'est compliqué parce que les coûts de production qu'on a en France ne sont pas les mêmes que les productions en Ukraine. "Ils n'ont pas les mêmes normes que nous, les coûts de manœuvre ne sont pas les mêmes. On ne joue pas du tout dans la même cour", poursuit-il. Selon les agriculteurs, cette concurrence étrangère déloyale contribue à la disparition des élevages en France.