Vers la réintroduction des farines animales

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avec Pascal Berthelot , modifié à
- Le Conseil national de l’alimentation ouvre la porte à une éventuelle réintroduction.

Les farines animales, cause de la maladie de la vache folle il y a 15 ans, sont de retour. Interdites en France, elles pourraient, en effet, être partiellement réintroduites sous certaines conditions, si on en croit le Conseil national de l'alimentation. Europe 1 fait le point sur le sujet.

Une réintroduction partielle sous quelles conditions ? Pour le Conseil national de l'alimentation (CNA), instance consultative des ministères de l'Alimentation, de la Santé et de l'Économie, les farines animales pourraient être réintroduites partiellement en France sous de nouvelles formes. Avec une nouvelle organisation de la filière, il ne s’agirait pas des farines d’il y a 20 ans mais d’une nouvelle formule appelée "PAT", pour Protéines Animales Transformées.

Que contiendront ces nouvelles farines PAT ? Selon le CNA, les nouvelles farines qui pourraient faire leur retour en France seraient sensiblement différentes des anciennes. Par exemple, il serait interdit d’utiliser un animal malade comme base pour une farine prévue pour en nourrir d’autres. "Les conditions sanitaires ayant conduit à l'interdiction des PAT dans l'alimentation des animaux destinés à la consommation humaine ne sont plus d'actualité", affirme ainsi le CNA. Les nouvelles farines animales seraient fabriquées uniquement avec des restes de carcasses d'animaux sains, et totalement aptes à la consommation humaine.

Cécile Moiroud, présidente du groupe de travail sur les farines animales au CNA, se veut rassurante. "Les farines animales ont été à l'origine de la crise de la vache folle du fait qu'elles comprenaient des déchets et des animaux morts à la ferme. Ce qui n'est plus du tout le cas dans les PAT. Il y a une différence majeure quant à la composition et quant aux risques sanitaires", assure-t-elle au micro d'Europe 1.

Comment seront-elles utilisées ? Là encore, le CNA se veut prudent. Dans un premier temps, le Conseil prévient que les farines resteraient interdites aux ruminants. Vaches et moutons ne seront donc pas nourris de farines animales. Seuls seront concernés  par ce retour des farines animales les poissons, les porcs et les volailles. Pour ces trois catégories, le CNA explique également qu’il sera interdit de nourrir un animal avec des farines de son espèce. Concrètement, un porc ne pourra pas être nourrit à partir de farine de porc.

Pourquoi cette réintroduction ? Aujourd’hui, le premier argument du CNA est très clair : par la force des choses nous consommons déjà, mais très peu, des aliments importés contenant ces farines animales. Beaucoup de ces produits viennent d’Amérique du Sud. Donc, plutôt que de subir des farines que les autorités sanitaires peinent à contrôler, le CNA suggère de réintroduire la filière en France.

Quels avantages à cette réintroduction ? Le premier et le plus important est bien évidemment l’argument économique. Selon le CNA, nourrir les animaux en France reviendrait moins cher s’ils pouvaient l’être avec des farines animales. Aujourd’hui, le bétail en France est nourri exclusivement de protéines végétales qui coûtent très chères. 40% des carcasses des animaux que nous mangeons sont perdus et servent de combustible dans les cimenteries. Alors, en transformant les pattes, les cous et autre reins de porcs en poudre, cela fournirait une source de protéines beaucoup moins chère.

De plus, les économies financières réalisées pour les agriculteurs seraient importantes s'ils utilisaient des farines animales, selon les chiffres de la FNSEA. Ainsi, alors qu'un paysan gagne en moyenne entre 17.000 et 20.000 euros par an, un éleveur de poulets pourrait économiser 4.100 euros par an grâce aux farines animales. Un éleveur de porc irait jusqu'à 4.800 euros d'économies par an. C'est "très significatif" pour Bernard Vallat, président du CNA.

Quand arriveront-elles dans nos assiettes ? Pour le conseil national de l’alimentation, la question de la date précise du retour des farines animales n’est pas encore à l’ordre du jour. Pour l’instant souligne le CNA, l’opinion publique n’est pas prête à la réintroduction des farines animales. Son rôle, par cette annonce, revient surtout à préparer l’opinion à ce retour possible.