Quand la justice égare une œuvre d'art à 1,5 million

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Chloé Triomphe avec
La "Colombe volante" de Calder avait été saisie pour expertise en 1997.  Depuis son propriétaire n'arrive pas à récupérer son bien et attaque l'Etat. 

Mais où a bien pu se volatiliser "la Colombe volante" de Calder ? En 1997, la justice avait saisi pour expertise cette sculpture de l'artiste américain, soupçonnée d'être une vulgaire contrefaçon. Mais cinq ans plus tard, en 2002, après une bataille judiciaire et d'experts, l'œuvre est réhabilitée. La pièce est authentique, certes, mais devient dès lors introuvable. Depuis, son propriétaire, un célèbre marchand d'art, ne cesse de la réclamer. Il attaque désormais la justice pour dysfonctionnement.

Une œuvre perdue dans le circuit judiciaire… il s'agit d'une sculpture de 40cm qui représente une colombe réalisée en verre de Murano entourée d'un cercle de métal. Et son propriétaire n'a absolument pas l'intention de laisser son oiseau s'envoler à jamais. Pourtant, cela fait presque 15 ans que ce marchand d'art n'a pas revu l'œuvre, depuis qu'elle s'est perdue dans le circuit judiciaire. Bien qu'il ait obtenu la preuve de l'authenticité de l'œuvre en 2002, il lui est impossible de la récupérer.

… ou tout simplement détruite ? Didier Imbert a aujourd'hui la très nette impression que sa colombe s'est volatilisée. "C'est tout de même une pièce qui vaut 1,5 million d'euros sur le marché.  Je n'arrive pas à la récupérer. On ne sait pas où elle est", regrette le marchand d'art, au micro d'Europe 1. "En 2003, on nous a dit qu'elle avait été détruite. Ensuite, ils se sont repris en disant qu'elle avait été envoyé je ne sais où. C'est n'importe quoi. Aujourd'hui on espère bien faire condamner l'Etat parce que c'est incroyable. Personne n'assume", déplore-t-il.

Le tribunal des conflits saisi. Le marchand  n'a plus guère d'espoir de retrouver son oiseau sculpté. L'œuvre s'est-elle perdue dans un sous-sol de l'administration ? A-t-elle été détruite ou même volée dans les locaux de la justice ? A défaut de réponse, Didier Imbert espère au moins obtenir une indemnisation. Il attaque donc l'Etat pour dysfonctionnement et demande 500.000 euros de dommages et intérêts.

Toute la difficulté est désormais de déterminer quelle juridiction est compétente pour trancher ce litige. Avec son avocat, Me Stéphane Sebag, il a ainsi saisi le tribunal des conflits, plus haute juridiction française, composée de membres du Conseil d'État et de la Cour de cassation, qui doit se réunir sur l'affaire à partir de la  fin novembre et renvoyer le dossier devant le tribunal compétent.