Le policier volait des gardés à vue

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avec AFP , modifié à
Aujourd'hui suspendu de la police nationale, il a été condamné à 30 mois de prison ferme.

"Il savait parfaitement ce qu'il faisait". Un ancien policier, jugé pour des vols de personnes placées en garde à vue et pour avoir monnayé des faux documents, a été condamné mardi à 30 mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Créteil. Une peine beaucoup plus lourde que celle  requise par le parquet.

"J'aime mon métier"

"Que ça soit 2.000, 6.000 ou 10.000 euros, ma carrière est plus importante qu'une somme d'argent", s'est défendu à la barre cet homme de 35 ans, à la voix calme et à l'expression aisée. Tout au long du procès  Rémy Sicot, ancien policier du commissariat de Vitry-sur-Seine a clamé son innocence.

Aujourd'hui suspendu de la police nationale, ce dernier se dit en effet prêt à tout pour son métier. "J'aime mon métier, je le faisais du mieux que je pouvais, je me donnais à fond. Je ne veux pas qu'à cause de moi, le métier de policier soit sali", a-t-il martelé.

25.341 euros pris à une Chinoise

Les faits qui lui sont reprochés sont pourtant nombreux. L’ancien policier avait notamment reçu 2.000 euros de la part d'un sans-papier haïtien à la fin 2008 en échange d'une fausse convocation en préfecture. Le fonctionnaire avait également dérobé en décembre 2008 la somme de 35.000 dollars, soit 25.341 euros, à une Chinoise en situation irrégulière et placée en garde à vue à Vitry.

Enfin, Rémy Sicot, entré dans la police en 2000, a également été condamné pour le vol en mai 2009 et janvier 2010 de deux montres à deux personnes gardées à vue. Ses collègues avaient été étonnés, alors qu'il avait d'importants problèmes financiers et venait travailler en vélo, de le voir arriver au volant d'une berline allemande.

Dénoncée par sa femme

"Vos explications manquent de crédibilité à plusieurs égards", a relevé le substitut du procureur, qui avait requis 16 mois d'emprisonnement dont trois avec sursis et l'interdiction d'exercer pendant cinq ans. La magistrate a mis en avant le "malaise (qu'il) a eu parfois à répondre aux questions, du moins à ne pas y répondre correctement". "C'est un fonctionnaire de police, un homme averti. Il connaissait la loi, il savait parfaitement ce qu'il faisait", a-t-elle ajouté.

Rémy Sicot avait été interpellé à la suite de plaintes de gardés à vue et de sans-papiers, puis dénoncé par sa compagne, qui était ensuite revenue sur ses déclarations. Il avait expliqué aux enquêteurs qu'elle souffrait de troubles psychiatriques et qu'elle l'accusait pour se venger de ses infidélités. "J'ai dit la vérité la première fois, et je me suis parjurée par amour", a-t-elle expliqué au tribunal.